En mai 2017, Franck Chartrain, artisan ferronnier d'art, issu des compagnons du devoir, nous ouvre les portes de sa forge, à Cholet, où ses dernières créations vont prendre vie afin d'être présentées lors de "Révélations", la Biennale Internationale des Métiers d'Art et de la Création au Grand Palais, à Paris. Tout en pudeur, entre fer et feu, marteau et enclume, il partage avec nous sa vision d’une forge renouvelée. Et nous emporte au cœur de son univers composé de formes nouvelles alliant savoir-faire ancestral et design moderne.
La forge désigne le travail du métal par sa déformation. C'est une technique artisanale utilisant la chauffe et le martelage du métal sur une enclume en vue de réaliser des objets. Pour être travaillé le métal doit être chauffé. Il existe plusieurs températures de chauffe du métal en fonction du travail à réaliser et du résultat que l'on souhaite obtenir. Le ferronnier sait déterminer les températures de chauffe grâce aux nuances de couleur que prend le métal chauffé. "Quand on forge on est obligé d'être concentré, attentif au feu, attentif au fer, d'être sûr que c'est la bonne température. Quand on fait un outil de forge, qu'on va tremper pour le durcir, à 50°C près on ne peut pas dépasser, sinon l'outil peut-être endommagé." - Franck Chartrain.
Le travail de ferronnier tout comme ses outils ont été amenés à se moderniser avec le temps. De nos jours, il est fréquent que le ferronnier utilise en amont ou parallèlement à l'enclume, un marteau-pilon afin de déformer et d'étirer le métal. Cet outil apparu dans la deuxième moitié du 19ème siècle, a trouvé une place salvatrice dans les ateliers de forge, allégeant la charge physique des ferronniers. L'outil permet grâce à un système de piston relié à un marteau de frapper la pièce de métal avec une grande force pouvant atteindre plusieurs centaines de tonnes.
Studio Sherlock a réalisé des prises de vues sur une période de deux jours afin de valoriser le processus créatif global de réalisation d'une pièce de ferronnerie d'art.
La ferronnerie d'art consiste en l'aménagement d'objets d'intérieurs comme des tables ou luminaires et d'extérieurs comme des rampes d'escaliers ou des portails. En France, le 18ème siècle marque l'âge d'or de la ferronnerie d'art dite traditionnelle. Grilles de clôture, portails, rampes ou balcons sont monnaie courante. Les repoussages, feuilles d’acanthes et pétales de fleurs sont par exemple des expressions artistiques de la ferronnerie d'art pour les rampes de cette époque.
Franck Chartrain se confie au micro de Studio Sherlock sur le processus d'exécution de ses pièces forgées. Il dessine au préalable la pièce qu'il veut forger. Ensuite il détermine un volume afin de connaître la section de départ. La pièce est d'abord forgée séparément en plusieurs morceaux. Les morceaux sont chauffés et portés à 1200°C afin de pouvoir les travailler aisément. Ils sont ensuite travaillés au marteau-pilon pour les étirer, les rendre plus fins et leur donner une texture. Il finit de les former sur les gabarits de l'enclume ou le griffon, permettant de cintrer le métal. Quand tous les morceaux de la pièce sont forgés, il les assemble par des rivets ou encore des colliers. Puis vient l'heure des finitions. Franck aime les finitions simples où le fer est brossé et ciré à chaud à la cire d'abeille, cela laisse le matériau brut et permet d'obtenir la vraie couleur du fer. Parfois, pour obtenir un fer noir, il met le fer forgé dans des bottes de paille auxquelles il met le feu. Cela dépose un noir corbeau sur le fer qu'il fixe par la suite à la cire d'abeille.
"La matière que l'on travaille, elle n'est pas si simple, elle n'est pas si facile. Il y a toute une technique de mise en œuvre, tout un savoir-faire qui est mis en place pour réaliser une pièce."
Franck Chartrain lance sa collection éponyme de mobilier d’art en 2012, encouragé par le couple d'artistes Lalanne qui reconnait en lui un créateur talentueux. La magie créée par le mélange des matériaux est un des axes de recherche créatif du maître ferronnier d'art. Toutes les pièces de la collection sont réalisées en édition unique ou série limitée. " Je ne vais pas créer une pièce pour être sûr qu'elle soit vendue, je vais créer une pièce d'abord pour me faire plaisir. " - Franck Chartrain. Les pièces de la Collection Franck Chartrain sont régulièrement exposées en France et à l'étranger comme galerie "Maison Gérard", à New York.
Studio Sherlock a suivi Franck Chartrain dans sa recherche d'inspiration au travers de matériaux rares, lors de la phase de dessin, et pendant la chauffe du métal et son martelage afin de donner forme et vie à ses œuvres .
"Ce que je veux apporter modestement sur le marché de la ferronnerie c'est d'autres styles, d'autres dessins et d'autres intérêts. Aujourd'hui il y a d'autres moyens d'assembler le fer que par des méthodes traditionnelles. Il faut ouvrir l'esprit aux gens pour faire voir qu'il y a différentes manières de traiter la matière."
" Mes inspirations proviennent de tout ce qui m'entoure, aussi bien du bois brulé que des pierres rares. J'aime aller tous les ans à Sainte-Marie-aux-Mines. C'est un endroit où l'on vend des minéraux, des fossiles, du bois fossilisé et tout un tas de choses. Cela me donne envie de mélanger ces matériaux-là avec l'acier ou le bronze. Et cet assemblage me permet de faire des pièces uniques. "
"J'essaie de faire mon métier avec passion. Ce qui me motive c'est de faire ce que j'ai envie de faire et d'apporter autre chose. Je suis heureux. Je suis ferronnier tout simplement."
Il ne vous reste plus qu'à visionner la vidéo que nous avons réalisée lors de ces deux jours de tournage ! Un seul clic, c'est par ici !
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Studio Sherlock