L'homme qui embarquait ses rêves
Thomas Ruyant se lance pour la première fois à l’assaut du Vendée Globe, le tour du monde en solitaire. Après des succès sur des bateaux moins puissants, le Dunkerquois touche au Graal de la course au large. Le fruit d’une progression maîtrisée pour ce passionné.
Il était déjà seul. Ça ne gîtait pas. Ça ne soufflait pas. Dans sa chambre, Thomas Ruyant, adolescent, larguait les amarres en tournant les pages d’un magazine. «Je gardais les articles des gars qui avaient fait la Mini-Transat. C’était le début des Stamm, Coville. Ils me faisaient voyager. C’était kiffant.»
Le Nordiste avait déjà le sport dans la peau. Sports-études hockey sur glace, athlétisme, triathlon. Et puis la voile, donc. Laser, Class 8, au lycée. «C’est là que j’ai commencé à piquer le bateau de mon père (un laser). Je trouvais ça grisant de le lui prendre et de partir en mer. Je ne faisais rien de spécial. Des ronds dans l’eau, à Malo. Des fois, je sortais le spi et tout», s’amuse le Nordiste.
« Je me suis dit : lui c'est un bon »
Ses parents, Rémy et Anne-Marie, ont moins rigolé quand le fiston, lors d’un repas dominical, a eu le chic pour nouer les estomacs. Décision actée : à 26 ans, il allait participer à la Mini-Transat, cette épreuve initiatique, sur un bateau riquiqui (6,5m), où l’on traverse l’Atlantique en solitaire. Thomas Ruyant avait de la suite dans les idées. En maîtrise STAPS, son sujet de mémoire? «Le sponsoring voile.»
Le Nordiste a retapé un bateau à l’abandon, à Dunkerque, soutenu par Michel Dupré (Bleu Marine, concessionnaire et revendeur bateau) et Patrice Verley (Faber France), les premiers à croire en lui. «Thomas travaillait chez moi la journée, comme technicien, et retapait le bateau tous les soirs, explique Michel Dupré. Je voulais l’embaucher. Mais il voulait faire la Mini. Je l’ai aidé, mais Thomas mérite tout ce qui lui arrive. Il en voulait. Il a su saisir les opportunités (…) Un jour, il fallait aller chercher un 40 pieds (bateau de 12,19m) d’un client, en Hollande. On n’y voyait pas à 10m. Je me suis dit : Lui, c’est un bon…»
Passe ta Mini d’abord ! Il l’a bouclée, en 2007, puis l’a gagnée en 2009. Avant de confirmer son talent, d’être escorté par une bonne étoile puisqu’il a remporté la Route du rhum 2010 (40pieds), sans connaître de casse, la hantise du marin. La suite, sur le circuit Figaro, est plus compliquée.
«Il est là pour pour les bonnes raisons »
Entre-temps, il s’est installé en Bretagne, à Lorient. Il vit avec Anne-Laure, sa compagne, et leur petit Basile. Le marin s’accroche et le projet du Souffle du Nord pour le Projet Imagine tombe à point nommé. C’est taillé pour le Nordiste, qui ne s’exprime jamais aussi bien qu’au large. Que lorsque la notion d’endurance prend toute son importance.
Il n’y va pas parce que ça brille. Juste par amour de la mer, des bateaux et de la compétition. «C’est un passionné. Il est là pour les bonnes raisons», observait Vincent Riou, le vainqueur du Vendée 2005. Thomas Ruyant rêve d’abord de terminer. Trois mois en mer. Seul. Presque 40000 kilomètres. Un rêve de marin. Ça va gîter. Et souffler.
FRÉDÉRIC SOURICE
Un bateau troisième génération
Thomas Ruyant naviguera sur un IMOCA 60 (monocoque de 60 pieds) troisième génération. Autrement dit : pas ceux construits pour ce Vendée Globe 2016. Ni les bateaux lancés pour l’édition 2012 (2e génération).
Mais le Souffle du Nord pour le Projet Imagine, conçu par le cabinet d’architectes VLPL-Verdier, est considéré comme l’un des meilleurs de la 3e génération (2007) qui représente 12 des 29 IMOCA de la flotte amarrée aux Sables d’Olonne. Il n’était pas question de se doter de foils, ces appendices porteurs qui soulagent la coque, façon Coupe de l’America, et donnent l’impression que le bateau vole au ras de l’eau parfois. Trop coûteux déjà : quasiment 500 000 € l’histoire…
Cet hiver, dans son chantier, à Lorient, le Nordiste et son équipe ont procédé à quelques modifications, nées des réflexions de la transat Jacques-Vabre 2015. La quille a été revérifiée. Le cockpit protégé parce que le bateau mouillait beaucoup. Deux sièges de veille ont été installés. Terminé aussi la barre à roue. «Mon bateau est agréable, solide, doux à la barre», estime le Dunkerquois. Des aménagements, au niveau du ballast notamment, ont aussi été réalisés pour dégager des gains de performance.
Thomas Ruyant n’est pas superstitieux. Il compte bien ramener à bon port ce bateau, au départ des deux précédentes éditions, mais vite hors course. Kito De Pavant s’était aligné en 2008 et en 2012 au départ du Vendée Globe avec ce bateau, Groupe Bel, à l’époque. La première fois, son mât avait été brisé dès le Golfe de Gascogne. Et il y a quatre ans, une collision avec un chalutier, dès le 3e jour, avait brisé son rêve. Le Nordiste espère être plus heureux.
FRÉDÉRIC SOURICE
Longueur : 18,28 m; largeur: 5,5 m; tirant d’eau: 4,5 m;
Hauteur du mât : 28 m.
«Au départ, je n’étais pas investi dans l’associatif. Ce projet-là cherche à toucher les gens. Je suis le porte-drapeau, mais j’ai été le premier impacté par le message dans mes voiles. Ce projet est important pour moi, atypique. Il y a juste ce colibri géant dans les voiles. Et ce Vendée va le médiatiser. On a besoin de message positif. Putain, quand vous allumez votre radio : le démantèlement de la jungle à Calais, ce qui se passe à Mossoul, on prend des claques. C’est bien d’envoyer ce message positif. On n’est pas juste des observateurs. On peut avoir un rôle à jouer dans ce monde.»
THOMAS RUYANT
Le Souffle du Nord, c’est quoi ?
Le Souffle du Nord représente la communauté de mécènes (175 entreprises) et de particuliers (plus de 1 000 supporters), qui ont décidé de mettre en lumière l’ONG Le Projet Imagine à travers la participation de Thomas Ruyant au Vendée Globe. Le Projet Imagine, fondée par la journaliste nordiste Frédérique Bedos, est une ONG d’information qui veut faire prendre conscience de l’urgence à agir pour changer le monde, à notre niveau. Elle produit, réalise et diffuse des films. L’idée : mettre en lumière des femmes et des hommes qui agissent dans l’ombre, dans différents domaines, pour que la terre tourne plus rond. Et inspirer, inviter à l’action. Sur ses voiles, Ruyant promeut le Projet Imagine.
Ils vont voyager par la pensée avec Thomas Ruyant
Un homme, un bateau, la mer. Et vogue autour du Monde. Seul. Toutes les conditions, mêmes les pires. Le Vendée Globe nourrit l’imaginaire du terrien. Fascine. Avec son bateau « le Souffle du Nord pour le Projet Imagine », Ruyant va embarquer du monde, dimanche.
Christophe Thilliez, professeur de technologie.
« Non seulement je ne connais pas la voile, mais je n’aime pas. Ça m’effraie ! (sourire) C’est le personnage, le défi qui m’ont attiré. Je suis admiratif de ce que fait Thomas. Je suis professeur de technologie et dans mon collège (Sacré Cœur, Saint-Pol-sur-mer), la maman de Thomas est référente ULIS (Unités localisées pour l’inclusion scolaire. Accueil des enfants porteurs d’un handicap.). J’ai créé un club. On se réunit le lundi midi avec les élèves pour faire des maquettes de bateaux, une carte géante pour suivre la course, assurer la communication aux 400 élèves du collège. On a fait un tifo géant, qui représente un colibri, avec les 400 élèves. Et on l’a filmé avec un drône. Dans les cours de techno, on peut se baser sur le bateau de Thomas. Comment ça fonctionne l’électricité à bord, comment il se fournit en eau ? Je les invite à réfléchir sur tous ses besoins. Quand on prononce le prénom Thomas, c’est plus simple de faire cours. C’est quelque chose de concret. On a fait des opérations, vendu des gâteaux pour financer le déplacement Aux Sables. De jeudi à dimanche, 7 élèves seront au départ. Avec ce Vendée Globe, les enfants sortent aussi du virtuel. On va aussi travailler sur le Projet Imagine, avec tous les mouvements solidaires. »
Paulette Greenhill, Dunkerquoise, a découvert la mer à la retraite.
« La retraite est arrivée en 1984 et pendant 10 ans, d’avril à septembre, on partait en bateau. Mon mari (Louis) l’avait construit en 3 ans. On a eu la coque nue et comme il était manuel, qu’il savait tout faire, il l l’a construit en 3 ans. On est allés en Hollande, en Angleterre. On est descendus jusqu’en Corse. Ce sont les 10 plus belles années de ma vie ! Le Vendée globe, c’est un événement. Et en plus, on a la chance d’avoir un Dunkerquois. Je suis allé le voir, début septembre, quand il est revenu à Dunkerque. Ça m’impressionne ce qu’il va faire. (…) Je me souviens qu’on avait fait Belle-Ile- Baiona, au Nord de l’Espagne. On avait mis trois jours – deux nuits, sans voir la terre. Mais c’est rien à côté de ce qu’ils font. Quand vous pensez que Thomas part seul pour trois mois…. Si vous pensez que je vais le suivre ! Si le départ n’était pas si loin, j’irai. J’espère qu’il n’aura pas de problèmes matériels. Et que son rêve ne va pas s’envoler. »
Elodie Dujardin, comptable (Bourghelles)
« Je travaille à LMC (Bondues), une société dirigée par François Bouy, très investie dans le projet. Lors d’un repas de fin d’année, il nous a présenté le projet. Et on a embarqué ! J’avais déjà très envie de faire quelque chose pour la société dans lequel on vit. On ne sait pas toujours comment ça va se passer avec une asso. Là, c’est pré-mâché, entre guillemets, on sait, via l’entreprise. Avec LMC, une fois par mois, on participe aux maraudes, qui partent de la place Rihour. On distribue des repas, de la boisson aux SDF. Quand Frédérique Bedos (la fondatrice du Projet Imagine) est venue à Dunkerque, en septembre, je suis venue la voir. J’avais lu son bouquin (La petite fille à la balançoire) en… une nuit. Quand on commence, on ne peut pas s’arrêter… C’est démentiel ! Ce que fait Thomas Ruyant, c’est un défi humain. On le soutient, c’est un grand mot (sourire), on est à terre. Dans l’entreprise, dans la salle de pause, il y a un ordinateur connecté en permanence sur la course. C’était le cas pour la Jacque-Vabre, l’an passé. On sort, on prend un café. On regarde. On dit : tiens, il est 3e, il est 4e. T’as vu ? ça créé quelque chose. »
Titouan Jestin (17 ans, en Terminale S, à Saint-Omer).
« J’habite à Verton (Pas-de-Calais). J’ai eu un coup de foudre pour la voile. Mon grand-père est Breton. Et pour lui, c’était une base de me faire découvrir la voile. Tout de suite, j’ai accroché. J’ai commencé à naviguer sur l’étang de Conchil-le-Temple, près de Berck. Aujourd’hui, je suis au pôle espoir de Dunkerque. Je fais de l’Open 5.7. Le but, c’est de devenir un jour marin pro. Je vis pour la voile ! Le Vendée Globe, c’est la course mythique, ça fait rêver. Le parcours de Thomas Ruyant, c’est beau. C’est un peu un modèle, une star pour nous. Je ne le connais pas personnellement, mais on m’a parlé de lui comme il est de Dunkerque. Je vais suivre tous les jours la course, en direct. Je me suis aussi inscrit à Virtual regatta (jeu en ligne de simulation du Vendée Globe). Mes potes, mes entraîneurs aussi. Ça va être sympa. »
Kevin Dauthuille (Villeneuve-d’Ascq), sans emploi, bénévole au Souffle du Nord.
« En attendant de retrouver un travail, je gardais des enfants. Et la maman me dit : je connais un projet qui correspond à tes valeurs. J’ai juste envoyé un mot. Le Souffle du Nord cherchait des bénévoles. J’ai 25 ans, j’ai quitté mon boulot (il était responsable d’exploitation d’un parc de loisirs, chargé de la sécurité). J’étais en recherche de sens. Je ne connaissais pas du tout la voile, je n’ai jamais navigué. J’ai accroché au projet, aux valeurs. On peut construire une meilleure vie ensemble. On est trois à tenir le stand du Souffle du Nord, aux Sables d’Olonne. On est arrivés le 12 octobre. On fait la promotion de l’engagement humain et de la région, du coup. J’avais déjà bossé dans des festivals (musique). Là, c’est impressionnant. Un truc énorme. On a une chance exceptionnelle de vivre le départ aux Sables. On se prend au jeu de la compétition. J’ai pu suivre Thomas, qui donnait une interview. Je l’ai senti très serein. C’est presque étonnant. Je le sens déterminé, il a hâte d’y être. Il est chaud patate ! On va suivre l’aventure tous les jours, à fond. »
RECUEILLI PAR FRÉDÉRIC SOURICE
Le projet : un immense souffle
Le projet nordiste n’est pas unique dans sa dimension solidaire, mais il demeure atypique. Pas de noms de sociétés, de banques ou de grandes marques de l’agroalimentaire sur les voiles. Un colibri géant et le nom d’une association: le Souffle du Nord (pour le Projet Imagine). Le colibri ? C’est le symbole de l’ONG Projet Imagine. Il renvoie au mythe de cet oiseau, qui, lorsque le feu dévorait la forêt amazonienne, ne fuyait pas. Il s’en allait déposer quelques gouttes d’eau sur l’incendie et ainsi «faire sa part» du travail.
La Nordiste Frédérique Bedos est la fondatrice de cette l’ONG. Cette ancienne journaliste télé a tourné le dos au strass et paillettes pour se consacrer à un journalisme d’espérance, en 2008. Inspirée par ses parents adoptifs, qui ont recueilli dans leur vie une vingtaine d’enfants jugés «inadoptables» par la société, elle a décidé de mettre à l’honneur les «héros anonymes» du quotidien. Ceux qui permettent de faire tourner la terre un peu plus rond. Elle produit depuis 2010 des films sur ces personnes qui agissent.
Sa rencontre avec François Bouy, un chef d’entreprise (LMC) de Bondues, a constitué le déclic. Celui-ci, avec son réseau, souhaitait aligner un bateau sur différentes courses, dont le Vendée Globe. «Frédérique est une éveilleuse de conscience. Elle a la capacité à réveiller l’humanité qui sommeille en nous.» Le projet Vendée Globe était sur les rails: une dimension sportive et solidaire.
Le Souffle du Nord représente la communauté de mécènes (175 entreprises) et de particuliers (plus de 1000 supporters), qui ont décidé de mettre en lumière l’ONG à travers la participation de Thomas Ruyant au Vendée Globe. Pas de visibilité, les entreprises restent dans l’ombre. Ce sont les financeurs du projet sportif, avec les supporters.
FRÉDÉRIC SOURICE
Marin et tellement plus que ça...
En amont d'une telle course, Thomas Ruyant a dû mener de front la création du projet, la recherche du financement, puis la compétition, les aménagements sur le bateau. Marin, option couteau suisse.
L’image a participé au mythe du Vendée Globe, le tour du monde en solitaire. Bertrand De Broc, la mine fatiguée, montrant sa langue recousue à l’aide d’un miroir de fortune, en 1992, dans les quarantièmes rugissants. Il y a quelques mois, Thomas Ruyant a suivi un stage médical. Cette formation, destinée à se soigner en autonomie, fait partie du package obligatoire avant de s’élancer à l’assaut de «l’Everest des mers».
Les marins disent parfois que le Vendée Globe, c’est une «emmerde» par jour… Quand on se retrouve dans les mers du Sud, avec des vagues démesurées, impossible de tenter le coup de fil à un ami ou à maman pour résoudre un souci. Le vote du public, composé d’albatros ou de poissons clowns, n’est pas d’un plus grand secours…
Pas d’autre choix que de se débrouiller, de confirmer qu’à chaque problème, il y a bien une solution. «Il faudra bien sortir la caisse à outils à un moment donné», se projette Thomas Ruyant.
Au fil des mois, les marins ont développé nombre de compétences. Le Dunkerquois a travaillé la météo auprès de Christian Damard, un spécialiste. Mais ces tâches annexes ne représentent évidemment pas la majeure partie du chantier. Souvent, c’est recherche de financement, rencontre de partenaires, entraînement en mer et à terre, travaux sur le bateau.
«Être juste marin, ça ne m’intéresserait pas. »
Thomas Ruyant, marin professionnel, a constitué une vraie équipe pour faire avancer ces curseurs. «Il faut se garder du temps pour naviguer, progresser physiquement, techniquement, avec ce 60pieds. La dimension technique est une partie précieuse de la navigation. La recherche du financement est forcément importante. Il ne faut rien laisser de côté, trouver du temps pour chaque chose.» Le solitaire ne l’est que sur l’eau. «Être juste marin, ça ne m’intéresserait pas. J’ai construit une équipe. Il y a beaucoup d’humain dans ce projet.»
développer ses savoir-faire
Le Dunkerquois s’est préparé en développant ses savoir-faire. Une manière de réduire aussi l’appréhension. «On apprend sur chaque dossier pour être calé et performant quand le départ va retentir.» Mais on ne peut tout maîtriser. Ce que résume magnifiquement un favori, le Gallois Alex Thomson: «On se prépare à l’imprévisible. Et vous savez, ce n’est pas facile.»
FRÉDÉRIC SOURICE
De Dunkerque à l'île de la Réunion
Thomas Ruyant, au nom des siens
Si les supporters de Thomas Ruyant seront nombreux à suivre son épopée dans la région, le navigateur aura également une jolie colonie de soutiens au cœur de l’Océan indien. Noémie et Marie, les sœurs du Dunkerquois, vivent en effet sur l’île de la Réunion. La première, 30 ans, s’est installée sur ce petit bout de paradis en compagnie de Clément, lui-aussi Dunkerquois. Marie, de deux ans sa cadette, est en couple avec Rémy, un Réunionnais. À près de 10 000 kilomètres des Sables d’Olonne, où sera donné le départ du Vendée-Globe, la famille s’organise aussi, là-bas, pour ne rien manquer de la course du grand-frère.
« On a prévu de se réunir pour regarder le départ de la course sur écran géant, ce sera une grande fête ici aussi, explique Noémie qui a décidé d’inviter des potes réunionnais à se joindre à la famille dimanche. Voir notre frère réaliser son rêve, c’est assez dingue pour nous tous. Depuis qu’il a débuté dans ce sport, en 2007, on savait qu’il aurait envie de s’aligner sur cette course. On l’espérait, sans y croire vraiment. Puis, il y a eu cette recherche de sponsors. Aujourd’hui, c’est vraiment du concret.»
Entre coups de téléphone et échanges vidéo sur internet avec Thomas, l’imminence du départ a évidemment mêlé les émotions. « L’angoisse se mélange forcément à l’excitation, poursuit la jeune masseuse-kinésithérapeute. C’est un sentiment très particulier.» Plusieurs fois par jour, pendant trois mois, cette Ch’ti amoureuse du carnaval de Dunkerque et sa sœur prendront des nouvelles du frérot. Les ordinateurs et les sites de la course vont chauffer.
Milo, du haut de ses deux mois, fils de Noémie et de Clément, arbore déjà les couleurs du « Souffle du Nord ». Comme toute une famille, il est prêt à suivre la folle aventure de son tonton. Il criera lui aussi très fort lorsque le bateau, au tiers de son périple, passera (très) au sud de l’île. Portés par les vagues de l’Océan indien, ces encouragements viendront pousser un peu plus Thomas Ruyant vers son objectif. Le défi d’une vie. Au nom de la mer et de tous les siens.
GREGORY LALLEMAND
Credits:
PHOTOS MARC DEMEURE, AFP ET LE SOUFFLE DU NORD