Cette année, les vacances auront commencé par un rapide détour en basse vallée de Maurienne, l'occasion de (re)visiter quelques cols mythiques du secteur. 3 journées bien exploitées en plein cœur de la canicule, où il aura fallu jongler avec les routes fermées pour cause de tour de France, mais qui m'auront permis de respecter la quasi totalité des objectifs que je m'étais fixés au départ ...
ETAPE 1 : La Toussuire - Croix de fer
Les cols du Télégraphe - Galibier sont fermés pour 2 jours (étapes 11 & 12), le col de la Croix de Fer sera inaccessible également le lendemain (étape 12), donc pas trop le choix : l'entrée en matière va être salée pour ma 1ère sortie dans les Alpes ! Le camp de base étant situé à St Rémy de Maurienne, j'ai donc +/- 10 km d'échauffement dans la vallée jusque St Jean de M. avant d'attaquer le 1er morceau du jour ...
Je traverse la ville décorée aux couleurs du Tour puis rejoins le rond-point "Opinel", départ fictif et psychologique de l'ascension. L'entrée en matière est brutale avec 4 km et de belles lignes droites oscillant à +/- 9% intraitables. Une fois l'embranchement vers la station atteint, la pente se calme un peu mais la prise d'altitude reste conséquente. Mais comme souvent, le cadre aide à supporter l'effort ...
La station du Corbier se profile, avec à la clé une courte redescente.
Quelques lacets bien raides permettent d'accéder à la station ...
1500 m d'altitude, le haut des pistes et les alpages sont nettement visibles ...
Le reste de l'ascension est moins difficile et le panorama est vraiment sensationnel !
Et une ascension de plus dans mon escarcelle !
La Toussuire : 1650 m. Bel endroit l'été ... et pour y skier l'hiver sans doute aussi ...
Pas besoin de manchettes ni de coupe-vent pour plonger dans la descente. Sans être vertigineuse, celle-ci est très rapide et sinueuse. Elle me ramène au carrefour vers le col de la Croix de Fer, 2ème objectif du jour. Nonobstant, la borne kilométrique indiquant "col à 26 km" (et accessoirement +/- 1400 m D+ plus haut ...) plombe un peu le moral ...
De nouveau sur la route du col, l'ascension commence ... par une belle descente ! Mais je sais que la suite ne va pas être de la tarte : 6 km de nouveau à 9% de moyenne avec des pointes à 11%, j'ai l'impression d'être scotché, d'autant que ça commence à "keufer" grave.
Ça monte sévère jusqu'à une succession de 3 tunnels, avant une nouvelle redescente jusqu'à l'embranchement du col du Mollard. De là, 7 km assez tranquilles mènent à St Sorlin où je profite d'une fontaine salvatrice pour faire le plein d'eau fraîche et pour m'asperger copieusement.
La traversée du village est très raide et le col visible tout là-haut est encore assez haut perché. Bien qu'il y ait encore du kérosène dans le réservoir, le moteur n'envoie plus trop de watts.
Mon 34x28 et mon 34x32 vont m'être bien utiles pour vaincre les 6 derniers km de ce col vraiment interminable.
Les camping-cars se font plus présents dans l'attente des coureurs du Tour le lendemain. Certains me gratifient de coups de klaxon et d'encouragements, sympa ! Le vent s'ajoute à la difficulté dans une épingle sur 2, comme souvent en montagne, s'ajoutant aux % et rendant les derniers km assez pénibles.
Voilà, c'est fait ! Comme souvent, la transition Vosges / Alpes n'a pas été simple malgré les heures de selle préalables.
Col de la Croix de Fer ... et plus la moindre trace de neige résiduelle sur les sommets alors que nous sommes début juillet.
Col du Glandon et au loin, derrière le sillon du col de la Madeleine, The Mont Blanc, plus très blanc d'ailleurs et donnant l'inquiétante impression de fondre.
Ne reste plus qu'à redescendre jusque St Etienne de Cuines. Dans la vallée, je retrouve un vent puissant et brûlant (36°C ...), contre lequel il va falloir que je lutte jusqu'à mes bases où je vais descendre 1 litre d'eau cul sec avant d'envisager la suite des événements ! Sacrée entrée en matière !
ETAPE 2 : LA MADELEINE
Après une entrée en matière costaude mais réussie, je vais me contenter, pour ce 2ème jour, d'un simple versant de la Madeleine par la Chambre. Effectivement, l'étape d'hier a laissé des traces et je n'ai clairement pas les jambes pour aller plus loin, d'autant que je tiens à réussir mon étape 3 ... et que l'après-midi est prévue une petite balade à 2 !
Me voilà donc face à un nouveau mythe, sur un versant que j'ai déjà gravi, très difficile, ne proposant AUCUN moment de répit sur 19 km.
C'est souvent 9% jusque St François Longchamp, avec de nombreuses épingles, notamment au début, permettant une belle perspective sur la vallée. La montée est ponctuée de plusieurs passages >10% qui déboitent un peu, surtout que mes guiboles ont bien gardé en mémoire ma virée d'hier !
Avant la station, miracle, 300 m plats, avant de repartir sur les mêmes bases.
Heureusement, la pente est un peu moins exigeante une fois dans les alpages, avec un panorama somptueux.
Le sommet est atteint en 1h13, pas royal moins bon, j'y suis néanmoins parvenu de façon relativement satisfaisante ...
Photos complémentaires lors de notre balade de l'après-midi :
ETAPE 3 : TELEGRAPHE - GALIBIER
Il existe un paquet de cols mythiques en France, Aubisque - Tourmalet dans les Pyrénées, Petit/Grand Ballon - PBF dans les Vosges, Izoard - Iseran - Bonette dans les Alpes, Stelvio dans les Dolomites (un jour peut-être ...), pour ne citer que les plus célèbres d'entre eux ... Mais dans ce best of, l'enchaînement Télégraphe - Galibier est incontestablement tout en haut du classement : +/- 2000 m D+ en 35 km, c'est du costaud ! Sans parler de la beauté des paysages après Valloire ...
Pour ne pas obérer le reste de la journée, je m'évite l'A/R dans la longue vallée de Maurienne et me gare au pied de l'ascension, à St Michel de Maurienne. Une transtion pas si facile que cela d'ailleurs, avec des portions montantes pas anodines à l'aller et, presque à coup sûr, un fort vent de face au retour.
Entrée en matière directe donc avec sans transition les 1ères rampes du Télégraphe. C'est parti pour un peu moins de 12 km à 7,2% de moyenne.
Quasiment rien à voir visuellement puisque toute l'ascension est en forêt et n'offre aucun point de vue, hormis peu avant le sommet. De St Michel, on aperçoit aisément le fort à 1566 m en levant la tête. Il marque le sommet situé 818 m plus haut. La vallée étant très encaissée à cet endroit, la verticalité est vertigineuse et impressionnante !
L'ascension est très régulière, sur une belle route, mais de mon point de vue, la 1ère moitié est la plus difficile, la pente étant moins relevée après 6/7 km, permettant d'utiliser un plus grand braquet pour finir l'ascension.
J'ai démarré tôt, il fait encore relativement "frais" au regard des standards de ce mois caniculaire. La circulation est encore quasi nulle, ce début de parcours s'avère donc assez agréable, avec de bonnes sensations. Je double quelques vélos, mais j'ai un beau maillot bleu "CINZANO" en ligne de mire et que je mets un certain temps à rattraper. "- Salut ! ... - Bonne-your", bon pas de doute c'est un hollandais ! Il prend logiquement ma roue mais fait le yoyo et remonte à hauteur de pédalier régulièrement. Ça me gonfle assez vite, pourquoi ne passe-t-il pas devant ? Au bout d'un certain temps, il vient à hauteur de guidon pour me dire "Melci pou' la motivationne !" dans un ahanement laissant penser qu'il est au taquet ... Que nenni, 500 m plus loin il place une accélération et se met à monter comme une balle avant de me larguer !!! Mais c'est quoi ce délire ???
Bon, je le laisse s'exciter et continue ma progression. Comme expliqué précédemment, je peux remettre du braquet sur la fin avant de me ravitailler rapidement au sommet après 1h d'effort.
Une petite descente mène à Valloire, magnifique village-station chère à J-Baptiste Grange, et où débute l'ascension du Galibier.
Dès la sortie de la station, une rampe rectiligne et très raide conduit vers le hameau des Verneys, le ton est donné. Un dernier faux-plat le long du golf permet de se refaire temporairement la cerise, mais dès la traversée de la Valloirette, plus de répit possible !
C'est à cet endroit que Pogacar se fit attaquer à de multiples reprises par les Jumbo Visma sur l'étape 11 Albertville - col du Granon. Isolé, il crut devoir répondre aux accélérations de Van Aert, Roglic et Vingegaard qui le firent tourner en bourrique en se liguant intelligemment contre lui et donnèrent lieu à sa terrible défaillance dans le Granon final. Avec le recul, il n'aurait pas dû tomber dans le piège et ne suivre que Vingegaard ... La suite montrera que le Danois était de toute façon le plus fort cette année et que l'équipe de l'ami Tadej devra sérieusement recruter s'il veut de nouveau remporter le Tour !
A partir de là, les paysages sont tout simplement prodigieux. La montagne est majestueuse, le silence des lieux laissant les sommets s'exprimer solennellement. Tout simplement fascinant !
En montagne, tout semble près mais tout est si loin, l'immensité des cimes nous réduisant à la taille d'un électron gravitant autour de son noyau.
De mon côté je lutte contre la gravité, toujours ingambe. Je me fais subitement doubler par un maillot "Total Energie" aux mollets ciselés, vélo high tech et rythme ne laissant planer aucun doute : c'est un pro. Quelques encablures plus haut, un cyclo l'ayant reconnu m'apprendra qu'il s'agissait de Julien Simon ...
Tout ceci me conduit à Plan Lachat, sorte de cul-de-sac magnifique et départ de nombreuses randonnées. Car arrivé là, on pourrait se demander où va la route ?
En fait, celle-ci fait "demi-tour", enjambe une dernière fois le ruisseau et grimpe à flanc de falaise, il fallait oser tracer une route là !
Une sublime série de lacets (à 9% quand même) permet de l'escalader afin d'atteindre l'étage supérieur et le nirvana ...A ce moment, j'aperçois le fameux maillot bleu "CINZANO" de tout à l'heure, une épingle plus loin. Pas de doute, il est à l'agonie, le bougre, il a la tête couleur vert mousse !!!... Je me marre intérieurement, car c'était assez prévisible : il sera en retard pour l'apéro. Je le double sans difficulté en lui jetant un regard narquois qu'il n'ose même pas croiser ! Je le plante sur place en pensant très fort "Merci pour la motivationne !!!"
C'est désormais plus rectiligne et dans la caillasse, le sommet est désormais visible ! Mais jusqu'au hameau des Granges, c'est super raide !
Dans une longue courbe longeant le relief, la pente s'adoucit un peu, pour la dernière fois d'ailleurs. C'est pas plus mal, car les jambes commencent à peser un peu après +2h15 d'effort intense. Néanmoins, nom de Zeus, qu'est-ce qu'on est bien là !!!
Au tunnel, il reste un dernier km HORRIBLE avant de dompter le mythe à 2642 m d'altitude. Yessss !
Le chrono : 2h40 (13,2 km/h de moyenne), loin de Pogacar et Bardet, 1h26 (24,6 km/h !) ...
Vue sur le versant Lautaret - Briançon.
La photo qui va bien, où là aussi il faut livrer bataille car au parking, c'est un peu l'émeute ...
Non mais, ça valait pas le coup ???
Un coupe-vent pour la descente jusque Valloire où je me fais bien plaisir, avec de belles relances dans les épingles.
A Valloire, ça remonte +/- 4 km jusqu'au Télégraphe avant de replonger vers la vallée. La circulation est beaucoup plus dense que ce matin et les camping-cars font bouchon en faisant chauffer leurs plaquettes plus que de raison. Heureusement, il est possible de se faufiler à chaque épingle et de les doubler pour finir le reste de la descente à ma main en conclusion d'un court mais intense séjour alpestre.