L’idée vient de loin, mais le tandem n’a pas toujours fait l’unanimité. L’histoire est plus sinueuse, et les questions de recherche d’aujourd’hui sortent fréquemment des sentiers battus.
Avant l’avènement du sport il était surtout question de gymnastique, et ces exercices étaient apparentés à la préparation militaire. L’enseignement de l’exercice physique à l’école est en débat, mais n’a pas encore réellement de nom bien arrêté. Le conseiller municipal Jean Jaurès, défend l’idée, le 30 décembre 1890 de donner aux écoliers toulousains « une éducation physique sérieuse » pour former « des jeunes gens robustes, souples et habiles ».
Le terme de sport venu d’Angleterre à la fin du XIXe siècle concerne surtout quelques activités récréatives des classes aisées (canotage, chasse à courre, escrime, etc.), et en France essentiellement le turf (les courses hippiques).
C’est le vélocipède qui va accélérer le mouvement, et développer l’idée de l’utilité de l’exercice physique. Le Docteur Secheyron, professeur à la Faculté de médecine, écrit une brochure pour le recommander à ses patientes en particulier, avec une idée maîtresse : « L’esprit se repose et le corps agit ; tous deux vivent en harmonie ».
Le premier Institut régional d’éducation physique à Toulouse est créé en 1929, est placé sous la direction de la Faculté de médecine. Il doit beaucoup à Jean Arlaud, professeur dans cette Faculté, et grand promoteur d’un pyrénéisme « sportif » : ski et alpinisme. Sport et santé sont dès lors liés officiellement. La recherche médicale toulousaine commence à étudier plus spécifiquement les questions d’anatomie, de physiologie, liées à la pratique sportive. C’est le temps des mesures. Jean Arlaud procède à une quantification médicale de l’effort, et encourage la surveillance médicale de l’entraînement.
Photographie ci-contre : Dans les rochers des Encantats : Jean Arlaud / cliché de P. Mengaud pris entre 1920 et 1938. Cote : 20 FI PV 6917 (c) Conseil départemental de la Haute-Garonne, Archives départementales.
A partir de 1935, le professeur Camille Soula qui dirige l’Institut, obtient la création d'une chaire de physiologie. L’instrumentation est un reflet des analyses qui ont cours pour comparer les méthodes d’entraînement : le sphygmographe oscillométrique pour l’évolution de la tension, l’appareil de Van Slyke pour doser le CO2 dans le sang, le kymographe (ou cylindre de Palmer) pour faire des enregistrements graphiques de certains phénomènes liés aux flux physiologiques.
Pendant la seconde guerre mondiale, les relations avec le Régime de Vichy seront très particulières, à l’image de la première rencontre entre Jean Borotra, émissaire du Maréchal, et Camille Soula. Officiellement, le directeur ne s’oppose pas, en réalité il n’obéira jamais, jusqu’à sa démission forcée en 1942. Il est humaniste, franc-maçon et un résistant actif avec ses collègues et amis Jacques Ruffié et Joseph Ducuing notamment.
Photographie ci-contre : Docteur Camille Soula (1888 - 1963) - Agence Rol. 1925 / (c) BNF
Les années 1950 voient le développement de la traumatologie en lien avec des disciplines qui émergent : parachutisme, boxe, ou même rugby. Qui dit trauma dit prévention et soins, et rapidement, c’est du côté de la Faculté de pharmacie que d’autres liens se tissent avec la création de l’école de pharmacorythmie, et les premiers pas d’une discipline qui va s’imposer : la pharmacologie.
Paul Monstastruc a succédé à Antoine Baïsset à la direction de l’Institut et c’est lui qui va installer ces études sur l’effets et les usages du médicament. Il sera aussi le directeur qui assure le déménagement de l’Île du Ramier vers le campus de Rangueil, d’un département qui devient Unité de recherche.
Dans les années 1980, l’association sport-santé s’impose, et du côté de la recherche, cet attelage devient un sujet pour les sciences sociales. La sédentarité et l’obésité inquiètent, le sport à la fin du XXe siècle est érigé en solution pour lutter contre ces fléaux. Le corps devient un « capital ».
Du côté des sportifs professionnels, ce sont d’autres questions qui se posent pour améliorer les performances. Les neurosciences ont un rôle important, la psychologie aussi. Les laboratoires de la Faculté des Sciences du Sport et du Mouvement Humain (F2SMH) de l’Université Paul Sabatier travaillent aussi sur la proprioception : toutes les formes de perceptions, et la gestion par l’individu de toutes ces informations (visuelles, auditives, neuro-musculaires, etc.).
Les nouveaux champs ne remplacent pas les précédents, ils s’ajoutent. Le concept de « sport-santé » englobe l’activité qui sollicite et concerne l’individu dans son unité (corps et esprit), en incluant les interactions avec son environnement. En n’oubliant jamais que l’idéal étant que chacun trouve l’activité qui lui convient.
Crédits :
Textes : Corinne Labat, Jardin Botanique et Collections Scientifiques, Université Toulouse III Paul Sabatier.
Photographies : Amélie Boyer, Service de l'Inventaire et de la Connaissance des Patrimoines, Direction de la Culture et du Patrimoine, Région Occitanie.
Conception et carte : Christelle Parville, Service Occitan et Catalan, Transversalité, Numérique et Territoires, Direction de la Culture et du Patrimoine, Région Occitanie.
Remerciements : Serge Vaucelle, enseignant chercheur, CRESCO, Université Toulouse III Paul Sabatier ; Benoît Capoen, chargé Culture et Patrimoine, Hopitaux de Toulouse ; Marie Nonclercq, chargée de mission des collections patrimoniales, Université Toulouse III Paul Sabatier ; Nathalie Sejalon-Delmas, directrice Patrimoine scientifique et jardin botanique, Université Toulouse III Paul Sabatier