Fêter la Saint-Valentin avec les bijoux en grenat de Perpignan

Tous les ans, à l'approche du 14 février, revient à la traditionnelle fête des amoureux et les intéressés profitent de ce jour pour échanger des mots d'amour ou des cadeaux.

A l’origine de la fête se trouve en réalité une célébration libertine, les Lupercales romaines. Les chrétiens ont remplacé les Lupercales par des processions aux chandelles pour célébrer la présentation de Jésus au Temple de Jérusalem.

Parmi les multiples saints Valentin, au moins 3 d’entre eux ont été martyrisés le 14 février. Mentionnés dès 495 dans les premiers recueils des martyrs, Valentin, qui mariait les chrétiens fut arrêté sur ordre de l’empereur Claude II. Emprisonné, il aurait entretenu des relations amoureuses avec Julia, la fille de son geôlier à qui il aurait miraculeusement rendu la vue.

On conserve à Prades, dans un reliquaire en bois doré, son crâne ramené à l’abbaye de Cuxa au Xe siècle par l’abbé Garin. Le buste reliquaire a été commandité cinq siècles plus tard par l’abbé Bernat de Cardona (1580 -1612).

Buste-reliquaire saint Valentin (c) Centre de conservation et de restauration du patrimoine des Pyrénées Orientales.

Au Moyen Âge, plusieurs carnavals, notamment amoureux, prennent place au mois de février. C’est le cas de la fête de l’ours qui se déroule dans la vallée pyrénéenne du Haut Vallespir dont la symbolique est extrêmement sexuelle.

Fête de l'ours à Arles-sur-Tech (c) PAH Conflent Canigó

La Saint-Valentin est devenue une fête laïque au XXe siècle et le pape Paul VI l'efface du calendrier liturgique en 1969.

Il existe une pierre dont la couleur rouge s'apparente à celle de l'amour, le grenat.

Détail d'une parure en or et grenat de l'époque Napoléon III attribuée au bijoutier Édouard Mourat, installé rue de l'Argenterie à Perpignan.

On trouve de nombreux gisements de grenat dans Pyrénées-Orientales, dans les Fenouillèdes, en Vallespir ou dans le massif du Canigó avec le pic Barbet connu pour ses belles cristallisations.

Grenat de Danemora en Suède, coll. Université Paul Sabatier.

Les pierres taillées aujourd’hui utilisées en bijouterie, sont importées d’Afrique ou d’Asie. Elles sont serties à Perpignan et dans les Pyrénées-Orientales pour former de merveilleux bijoux. Le savoir-faire ancestral des artisans bijoutiers de Perpignan est si particulier qu’il a permis à la profession d’obtenir en 2018, la protection d’une IG : Indication Géographique.

Après avoir sélectionné la pierre, le bijoutier modèle le support en or sur lequel elle est positionnée : le chaton. Le bijoutier utilise un laminoir pour former une lame de métal avec laquelle il contourne chaque pierre. Il ajuste la sertissure au plus près du grenat puis coupe et soude les deux bords. Il estampe ensuite une plaque d’or pour former le fond du chaton à l’aide d’une bouterolle d’acier servant de matrice, choisie selon la forme de la pierre. Il ne reste plus qu’à souder ensemble la sertissure et le fond.

Un paillon métallique coloré destiné à réfléchir la lumière est ensuite déposé à l’intérieur du chaton auquel la pierre est enfin hermétiquement fixée. Cette manipulation délicate est reproduite pour chacune des pierres qui constitue le bijou. Au terme de l’assemblage, le bijou est poli, ce qui permet à l’artisan de lui redonner son éclat.

1 : Collier dit d’esclavage en raison des chaînes qui relient les pierres. Très apprécié au XVIIIe siècle, le modèle a perduré. Le bijou réalisé vers 1840 est pour l'heure le seul connu avec des grenats de Perpignan. 2 : La croix badine est la croix la plus typique des croix fabriquées en Roussillon. Réalisée en or avec des grenats, elle est documentée depuis le XVIIIe siècle. Une charnière permet à la pierre la plus basse de trembler et le nœud placé au-dessus sert à attacher le bijou au tour de cou en tissu.
Broche en or et grenat. Les pierres sont serties avec des griffes dans leur chaton. C’est une des méthodes traditionnelle de l’IG Grenat de Perpignan.

Lorsque l’on offre un bijou, on oublie souvent qu'il est une œuvre collective dont le dessin préparatoire, au crayon ou à la gouache, représente la première étape. C'est l'esquisse qui permet de définir la forme du bijou, le nombre de pierres à utiliser. Encore conservées par certains bijoutiers, ces planches réalisées sur un bristol épais pour les plus soignées ou sur du papier calque ne sont pas signées. Elles devaient servir tout autant aux ouvriers pour reproduire les modèles qu'à la clientèle pour choisir le bijou selon ses goûts.

1, 2, 3 : Broche aux épis de blés fabriquée par Paul Etienne dit Jacques Velzy (1843-1899) pour l’exposition universelle de Paris de 1889. Elle est en parfaite adéquation avec l'esprit et la mode du moment. On dispose d'un dessin préparatoire et d'une planche aquarellée du bijou. 4, 5 : Gouaché de Jean Velzy présentant plusieurs modèles de bagues et broches vers 1910.
Coffret avec différents bijoux en grenat de Perpignan.

Crédits :

  • Photographies : David Maugendre (c) Inventaire général Région Occitanie ; Fonquernie Laurent (c) Institut du grenat (c) Conseil départemental des Pyrénées-Orientales ; Lecarpentier-Lydie (c) Région Occitanie.
  • Texte : Roland Chabbert, Direction de la Culture et du Patrimoine.
  • Conception : Christelle Parville, Direction de la Culture et du Patrimoine.

Avec l’aimable autorisation des bijouteries Calvet à Prades, Gil et Jean à Perpignan, Pagès à Ille-sur-Têt et Moralès à Tautavel.

Remerciements aux musées de la Ville de Perpignan et à l’Institut du Grenat.

À paraître dans la collection Focus Grenat de Perpignan, Art et histoire d'un bijou catalan par Laurent Fonquernie.