La grande majorité des fortifications collectives de Gascogne gersoise date du milieu du XIIIe siècle et le milieu du XIVe siècle. Bon nombre des fortifications des « castelnaux* » sont améliorées à la charnière des XIIIe et XIVe siècles. Les bastides* semblent aussi avoir été majoritairement fortifiées avant le milieu du XIVe siècle.
* Les castelnaux sont des bourgs castraux, villes ou villages fondés en Gascogne et dans le Languedoc à partir du XIIe siècle à proximité d'un château et dont les habitants étaient sous la protection d'un seigneur.
* Les bastides sont des villes neuves créées dans le sud-ouest de la France à partir du milieu du XIIIe siècle et à vocation principalement commerciale. Elles sont organisées autour d'une place de marché centrale.
La plupart des fortifications sont antérieures au début de la guerre de Cent Ans. Leur construction intervient au cours d’une phase de « grands travaux » qui touche tous les villages et les bourgs entre le milieu du XIIIe siècle et les années 1330, période de relative prospérité économique et démographique. Ces « grands travaux » se matérialisent par la multiplication du nombre de fortifications, d’églises et d’infrastructures commerciales.
Les différents conflits qui se multiplient en Gascogne avec le début de la guerre de Cent Ans à partir du milieu du XIVe siècle, engendrent un climat général d’insécurité. Celui-ci se traduit par la réactivation de fortifications anciennes et la poursuite du processus de mise en défense tout au long du XIVe siècle, et jusque dans les premières décennies du XVe siècle. Le sentiment d’insécurité ne s’éteint pas avec la fin de la guerre de Cent Ans. Les chantiers d’amélioration et d’entretien des fortifications collectives sont encore nombreux dans les dernières décennies du XVe siècle et les premières années de l’Époque moderne.
Au-delà de l’aspect défensif, les fortifications revêtent d’autres fonctions essentielles pour la communauté, comme celui de rassurer les populations. L’efficacité réelle du rôle militaire se pose souvent lorsqu’on observe la faiblesse de certaines enceintes. Pourtant, l’aspect dissuasif de ces fortifications paraît tout de même suffisant pour écarter les routiers de passage.
La fortification collective revêt aussi, et peut-être surtout, un rôle de police. Elle matérialise les limites du village ou du bourg, espace doté de droits particuliers. Elle permet aussi de tenir les bêtes enfermées la nuit. Ensuite et principalement à partir de la peste de 1348, l’enceinte permet aussi une défense contre les épidémies. L’accès peut alors être interdit aux personnes étrangères à la communauté ou revenant de zones infectées.
L’écrasante majorité des fortifications collectives étudiées est bâtie en pierre, la plus souvent calcaire. Les murs mesurent généralement autour de 1,20 m d’épaisseur. Les portes, points essentiels à la défense, font l’objet d’attentions particulières. Elles permettent d’accéder à l’intérieur de l’enceinte et sont le plus souvent surmontées de tours.
Les fossés peuvent être en partie naturels et retaillés pour accentuer l’aspect défensif. Sur les sites de hauteur les fossés étaient secs, alors que certains sites de confluence ont utilisé les cours d’eau comme des douves.
Au-delà du fossé, le mur d’enceinte adopte plusieurs formes. Il peut être constitué par le mur arrière de maisons indépendantes. Des chemins de ronde peuvent être aménagés au sommet des murs d’enceinte, positionnés au-dessus de la toiture des maisons intramuros ou traversant de maison en maison.
Certains documents d’archives permettent de connaître qui, du seigneur ou de la communauté, est chargé de financer l’édification de la fortification collective. Généralement, une partie des travaux est à la charge des seigneurs et l’autre à celle de la communauté.
Crédits :
Textes : Anaïs Comet, chercheur, Service de l'Inventaire et de la Connaissance des Patrimoines, Direction de la Culture et du Patrimoine, Région Occitanie.
Photographies : Amélie Boyer et David Maugendre, Service de l'Inventaire et de la Connaissance des Patrimoines, Direction de la Culture et du Patrimoine, Région Occitanie.
Conception et carte : Christelle Parville, Service Occitan et Catalan, Transversalité, Numérique et Territoires, Direction de la Culture et du Patrimoine, Région Occitanie.