La culture du viol : 10 stéréotypes à déconstruire INFORMER | Novembre 2023 | CÉSECÉM

La culture du viol est un phénomène mondial, alimenté par des stéréotypes de genre et des normes sociales renforcés par certains clips, publicités, films, dessins animés, jeux vidéo... qui participent à minimiser la gravité de la violence sexuelle et qui perpétuent des idées fausses sur les victimes et les agresseurs. Pour déconstruire ces stéréotypes, il est important de sensibiliser le plus grand nombre aux conséquences de ces croyances et à la diffusion des images susceptibles de soutenir cette culture du viol. L'objectif n'est pas d'établir une censure, mais de montrer la nécessité d'une action collective et d'une prise de conscience de la part de tous les membres de la société.

TW : cette note contient des phrases pouvant évoquer des souvenirs traumatiques

Les images ont été sélectionnées pour illustrer les stéréotypes qui participent à la culture du viol. Elles proviennent d'une banque d'images classique, utilisée dans le monde entier pour la création de publicités, de flyers, d'affiches, etc.

Stéréotype 1

Si elle ne veut pas être agressée, elle devrait éviter de sortir seule la nuit.

[À DÉCONSTRUIRE] Les femmes sont responsables de leur propre agression sexuelle.

Ce stéréotype suggère que les femmes portent une certaine responsabilité dans leur propre agression sexuelle. Cela peut conduire à des attitudes victim-blaming (comportement qui consiste à tenir la victime responsable de ce qui lui est arrivé, plutôt que de condamner le comportement de l'auteur des faits) et à une minimisation des actes de violence sexuelle. En réalité, la responsabilité doit être placée sur l'agresseur, qui a choisi de commettre un acte criminel.

Pourquoi cette image ?

Ce type d'image peut suggérer que les femmes doivent davantage faire preuve de discernement pour éviter les situations dangereuses, plutôt que de condamner les agresseurs qui choisissent de commettre un acte criminel.

En chiffre :

En 2021, plus d’1 Français sur 2 adhère au moins à une circonstance faisant peser une part de responsabilité sur la victime*

Stéréotype 2

Elle l'a bien cherché avec sa mini-jupe.

[À DÉCONSTRUIRE] Les femmes qui portent des vêtements révélateurs cherchent les ennuis.

Cette croyance suggère que les femmes qui portent des vêtements révélateurs attirent l'attention des hommes et donc, en quelque sorte, cherchent à être agressées. En réalité, le choix de vêtements d'une femme ne devrait jamais être considéré comme une invitation à l'agression sexuelle.

Pourquoi cette image ?

Ce type d'image peut renforcer l'idée que les femmes sont des objets sexuels, disponibles pour la satisfaction des hommes.

En chiffre :

21% de la population française pense que se promener dans la rue dans des tenues très sexy (jupe très courte, décolleté, etc.) atténue en partie la responsabilité du violeur*

Stéréotype 3

Les hommes ne peuvent pas contrôler leurs pulsions sexuelles, c'est dans leur nature.

[À DÉCONSTRUIRE] Les hommes ne peuvent pas contrôler leurs pulsions sexuelles.

Ce stéréotype suggère que les hommes sont incapables de contrôler leurs pulsions sexuelles et que leur comportement sexuel agressif est donc inévitable. En réalité, les hommes ont le choix et la responsabilité de contrôler leur comportement.

Pourquoi cette image ?

Ce type d'image peut véhiculer l'idée que la violence sexuelle est une expression de la force et de la virilité, et que les femmes sont des objets sexuels soumis à la domination masculine.

En chiffre :

51% de la population française pense que pour un homme, c’est plus difficile de maîtriser son désir sexuel que pour une femme*

Stéréotype 4

Les femmes inventent des histoires de viol pour se faire remarquer ou pour se venger.

[À DÉCONSTRUIRE] Les femmes mentent souvent sur le viol.

Cette croyance suggère que les femmes exagèrent souvent ou mentent carrément à propos d'une agression sexuelle. En réalité, les fausses allégations de viol sont extrêmement rares et la plupart des victimes de viol gardent le silence en raison de la stigmatisation et de la peur.

Pourquoi cette image ?

Ce type d'image peut renforcer l'idée que les femmes sont manipulatrices et vengeresses, et qu'elles utilisent leur sexualité pour contrôler les hommes.

En chiffre :

37% de la population française pense qu'accuser une personne de viol par déception amoureuse ou pour se venger est très/assez fréquent*

Stéréotype 5

Elle avait l'air d'aimer ça, donc ce n'était pas vraiment du viol.

[À DÉCONSTRUIRE] Les violences sexuelles ne sont pas si graves.

Ce stéréotype minimise la gravité des violences sexuelles en les considérant comme des actes mineurs. En réalité, les violences sexuelles ont des conséquences dévastatrices sur la vie des victimes, notamment sur leur santé mentale, leur sécurité, leur qualité de vie et leur entourage.

Pourquoi cette image ?

Ce type d'image peut renforcer l'idée que les violences sexuelles sont des événements anodins et amusants, plutôt que des crimes graves. Cette représentation peut contribuer à la normalisation de ce type de comportement et peut décourager les victimes à chercher de l'aide ou à signaler les violences sexuelles qu'elles ont subies.

En chiffre :

23% des hommes considèrent qu’on en fait trop sur les agressions sexuelles*

Parmi les hommes de moins de 35 ans, 23% considèrent qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter*

Stéréotype 6

Elle a dit non, mais elle voulait dire oui.

[À DÉCONSTRUIRE] Le consentement est implicite.

Cette croyance suggère que le consentement est implicite dans certaines situations, comme lorsque deux personnes ont flirté ou ont bu ensemble. En réalité, le consentement doit être donné librement et de manière explicite à chaque étape de l'interaction sexuelle.

Pourquoi cette image ?

Ce type d'image suggère que les femmes sont des objets sexuels, que leur corps est disponible pour les activités sexuelles et que leur consentement n'est pas important ou qu'il peut être ignoré.

En chiffre :

20% des 18-24 ans estime qu'avoir un rapport sexuel avec une personne en état d’ébriété, droguée ou endormie et qui est incapable d’exprimer son consentement, n'est pas un viol*

11% de la population française pense que lorsque l’on essaye d’avoir des relations sexuelles avec elles, beaucoup de femmes disent « non » mais ça veut dire « oui »*

Stéréotype 7

Les femmes doivent être protégées par des hommes forts.

[À DÉCONSTRUIRE] Les femmes sont des êtres fragiles.

Ce stéréotype suggère que les femmes sont fragiles, pures, dénuées de pulsions sexuelles qui les rendraient "impures" ou "sales". Cette représentation peut renforcer l'idée que les femmes sont inférieures aux hommes et qu'elles doivent se soumettre à leur volonté pour être protégées. En réalité, les femmes sont des personnes autonomes avec des désirs et des besoins sexuels légitimes.

Pourquoi cette image ?

Ce type d'image peut donner l'impression que la femme est soumise ou vulnérable, ce qui peut encourager l'idée fausse selon laquelle les femmes aiment être dominées ou maltraitées.

En chiffre :

65% des femmes et 77% des hommes (82% pour les hommes de 65 ans et +) pensent que les hommes doivent protéger les femmes*

11% de la population française pense que lors d’une relation sexuelle beaucoup de femmes prennent du plaisir à être forcées*

Stéréotype 8

Les violeurs sont tous des bêtes sauvages qui doivent être enfermés à vie.

[À DÉCONSTRUIRE] Les hommes qui violent sont tous des monstres.

Cette croyance suggère que les auteurs de viol sont des monstres ou des psychopathes, ce qui les rend différents des autres hommes. En réalité, les auteurs de viol sont souvent des hommes ordinaires qui ont choisi de commettre un acte criminel.

Pourquoi cette image ?

Ce type d'image renforce les stéréotypes racistes et sexistes qui associent les hommes noirs à la violence et à la criminalité, tout en perpétuant l'idée que les agressions sexuelles ne se produisent que dans des situations sombres et isolées, alors que la plupart des agressions sexuelles ont lieu dans des endroits familiers et en présence d'agresseurs connus de la victime.

En chiffre :

Dans 91% des cas, les agressions sexuelles sont perpétrées par une personne connue de la victime. Dans 47% des cas, c’est le conjoint ou l’ex-conjoint qui est l’auteur des faits*

Stéréotype 9

Elle a déjà couché avec lui, elle ne peut pas se plaindre maintenant.

[À DÉCONSTRUIRE] Les victimes de viol doivent être honteuses.

Ce stéréotype suggère que les victimes de viol ont quelque chose à se reprocher et devraient avoir honte de leur expérience. En réalité, les victimes de viol ont besoin de soutien et d'empathie, pas de honte ou de blâme.

Pourquoi cette image ?

Ce type d'image n'est pas directement liée à la culture du viol, mais elle peut y contribuer en étant interprétée comme la preuve que la victime est honteuse de ce qui lui est arrivé, qu'elle a quelque chose à cacher ou qu'elle est coupable d'une manière ou d'une autre.

En chiffre :

32% des femmes et 28% des hommes ayant déclaré au moins un viol ou une tentative de viol au cours de leur vie ont également rapporté au moins une tentative de suicide*

Stéréotype 10

Si un homme se fait violer, c'est qu'il est homosexuel ou qu'il le méritait.

[À DÉCONSTRUIRE] Les hommes ne peuvent pas être violés.

Cette croyance suggère que les hommes ne peuvent pas être victimes de viol ou d'autres formes de violence sexuelle car ils sont perçus comme étant physiquement forts et capables de se défendre. Les préjugés homophobes peuvent renforcer ce stéréotype en soutenant l'idée fausse qu'un homme homosexuel ou bisexuel n'est pas un "véritable" homme et qu'il serait, à l'instar de certains préjugés sur les femmes, faible, pervers et/ou fautif. En réalité, les hommes peuvent être victimes de viol, quel que soit leur orientation sexuelle, et doivent être reconnus en tant que tels.

Pourquoi cette image ?

Ce type d'image peut renforcer l'idée que les hommes, perçus comme forts et dominants, sont toujours consentants et qu'ils ne peuvent pas être victimes de violence sexuelle, souvent associées à un état de faiblesse ou d'impuissance.

En chiffre :

20% des 25-34 ans considèrent que pour être respecté en tant qu’homme dans la société, il faut vanter ses exploits sexuels auprès de ses amis*

Bien que certains stéréotypes liés à la culture du viol semble connaitre un recul depuis quelques années*, il reste encore un long chemin à parcourir pour éradiquer complètement ces croyances préjudiciables pour notre société. Nous devons collectivement continuer à déconstruire les idées reçues qui minimisent ou justifient les agressions sexuelles et encourager la compréhension et l'empathie envers les victimes.

Autres chiffres :

  • 14% des femmes déclarent avoir subi un « acte sexuel imposé », c’est-à-dire une agression sexuelle ou un viol (22% des femmes de 18 à 24 ans)
  • 48% de la population française pense que globalement, les femmes qui viennent porter plainte contre des violences sexuelles dans les commissariats ou les gendarmeries sont mal reçues
  • Suite aux viols ou tentatives de viol qu’elles ont subi, seules 12% des victimes ont porté plainte

*Sources :