Une clé, une pompe à pneus, une carafe d’huile à moteur. Dans le nord de l’Ouganda, ce sont des outils pour le renforcement du pouvoir économique des femmes.
Pour Nancy Sitaraya, 17 ans, apprendre à réparer les motos signifie un avenir meilleur.
Après avoir abandonné l’école primaire en raison des frais de scolarité élevés, Nancy avait l’habitude de vendre du poisson au marché. Mais cela ne lui permettait pas de subvenir à ses besoins, à ceux de sa grand-mère et de son petit frère, et ils se couchaient parfois le ventre vide.
Depuis sa tendre enfance, Nancy rêvait de rouler à moto. Lorsqu’elle a appris que des cours de formation professionnelle étaient offerts dans sa communauté, elle a décidé de s’inscrire afin d’en apprendre davantage sur la réparation de motos et de plonger dans le monde de la mécanique. Grâce à cette formation, Nancy a appris à réparer des pneus, des plaquettes de frein, des sélecteurs de vitesse et des goupilles de vitesse.
« On me qualifie toujours d’ingénieure, explique Nancy. Les chefs de communauté me demandent de me battre pour la reconnaissance... [ils me disent] Regardez cette jeune fille, elle est déjà ingénieure à son jeune âge. »
Nancy a également motivé d’autres femmes de sa communauté, qui lui demandent de les aviser lorsque des possibilités de formation similaires se présentent.
En Ouganda, près de 40 pour cent des jeunes femmes sont privées d’éducation, d’emploi ou de formation. Cela se traduit par un avenir où la moitié de la population du pays n’est pas en mesure d’accéder aux compétences et aux opportunités nécessaires pour débloquer une vie meilleure.
À Arua, dans le nord de l’Ouganda, la Fondation Aga Khan travaille avec Community Empowerment for Rural Development (CEFORD), une organisation locale à but non lucratif. Ce programme, lancé avec le soutien du gouvernement du Canada, vise à renforcer le pouvoir économique des jeunes femmes dans les collectivités rurales, en mettant l’accent sur les plus vulnérables, comme les mères célibataires et les personnes qui vivent avec des maladies chroniques ou des handicaps.
L’exclusion du marché du travail peut avoir des conséquences désastreuses. Sans ressources financières, les femmes sont souvent exclues des processus décisionnels communautaires et sont moins en mesure de prendre des décisions pour elles-mêmes et leur famille. En offrant aux jeunes femmes et aux adolescentes des possibilités d’apprendre des connaissances financières, l’entrepreneuriat et des compétences professionnelles comme la réparation de motocyclettes, la Fondation Aga Khan en collaboration avec CEFORD aide à éliminer les obstacles socioculturels à la création d’entreprises ou d’autres sources de revenus.
Ce projet appuie également des collectivités plus sûres et inclusives – les jeunes femmes d’Arua ont déterminé que le renforcement du pouvoir économique est un facteur clé de la prévention de la violence fondée sur le genre.
Pour Susan Avasi, 19 ans, apprendre à souder est source d’espoir.
Susan est une mère célibataire qui vit dans un village rural ougandais. Comme Nancy, elle vendait du poisson au marché local, après avoir abandonné le système éducatif en raison de sa maternité précoce et de contraintes financières.
Grâce au programme de formation de la Fondation Aga Khan et de CEFORD, Susan a appris le soudage et le travail du métal et peut maintenant fabriquer des articles comme des portes et des fenêtres.
Au milieu de la lueur du métal fondu, Susan réfléchit à sa décision de poursuivre cette formation.
« Je voulais suivre un cours unique que peu de femmes ont suivi, explique-t-elle. Je suis la toute première femme soudeuse dans la communauté où j’habite. »
Au début, Susan a fait face au scepticisme et aux préjugés dans sa communauté. « Les gens de ma communauté m’ont d’abord tenté de m’effrayer, en disant que la soudure était réservée aux hommes, explique t elle. [Mais maintenant], les femmes sont encouragées à essayer de s’inscrire à différentes formations. »
Lorsque les femmes gagnent un revenu décent et fiable, elles sont en mesure de prendre des décisions concernant les finances de leur ménage et de faire des choix sur la façon d’utiliser leurs fonds, comme dépenser pour les soins de santé ou l’éducation de leurs enfants. Les métiers comme la soudure et la réparation de motos sont également mieux rémunérés que d’autres professions généralement associées aux femmes, ce qui donne aux jeunes femmes comme Nancy et Susan d’autres moyens de progresser.
Dans les communautés rurales où les traditions dictent souvent les normes de genre, Nancy et Susan brisent les stéréotypes et inspirent d’autres femmes à saisir ces opportunités dans des industries traditionnellement dominées par les hommes, ouvrant ainsi la voie à un avenir plus inclusif et plus prospère.
« Poursuivre le soudage et le travail du métal me donne l’espoir d’une vie meilleure », a déclaré Susan.
La Fondation Aga Khan s’associe à des organisations locales de la société civile comme CEFORD dans toute l’Afrique de l’Est pour soutenir l’égalité entre les genres et le renforcement du pouvoir économique des femmes. En travaillant avec des organisations locales, la Fondation Aga Khan est en mesure de promouvoir l’inclusivité au sein des communautés et de concevoir des solutions qui répondent aux besoins et aux aspirations communautaires, en construisant un avenir où tous peuvent s’épanouir ensemble.
Ce projet s’inscrit dans le programme Fondations pour l’éducation et l’autonomisation (F4EE) du volet Faire progresser l'égalité entre les genres par la société civile. F4EE vise à améliorer les systèmes éducatifs aux niveaux préprimaire et primaire et à renforcer le pouvoir économique des femmes et l’égalité entre les genres au Kenya, à Madagascar, au Mozambique, en Tanzanie et en Ouganda.