Dans les régions frontalières accidentées et reculées du sud de la République kirghize, le soutien international fait discrètement une différence puissante dans les relations historiques, environnementales, sociales et culturelles qui définissent la vie quotidienne des communautés.
En tant que membre de l’équipe des partenariats de la Fondation Aga Khan, j’ai eu l’occasion de me rendre dans les régions frontalières de la République kirghize avec des collègues du Programme de soutien au développement des sociétés de montagne (MSDSP) et des partenaires de la Fondation PATRIP, une organisation allemande qui œuvre à la stabilisation des régions frontalières fragiles.
Nos destinations comprenaient des sites de projets dans les oblasts (ou provinces) d'Och, de Djalal-Abad et de Batken, des zones qui connaissent des frictions intermittentes mais intenses le long de la frontière kirghizo-tadjike depuis l’effondrement de l’Union soviétique.
Bien que les deux gouvernements aient fait des progrès importants vers des démarcations claires à la frontière, les revendications territoriales qui se chevauchent et la demande de ressources naturelles essentielles posent des défis au secteur agricole et aux moyens de subsistance des personnes qui vivent le long de la frontière.
Afin de renforcer la stabilité et la résilience de ces régions frontalières, la Fondation PATRIP soutient la Foundation et le MSDSP pour réhabiliter les écoles et les jardins d’enfants avec des équipements essentiels de chauffage, d’assainissement et de cuisine, ainsi que pour fournir une formation aux enseignants sur l’amélioration des compétences de communication et de collaboration des élèves pour soutenir des salles de classe et des communautés inclusives.
Le voyage dans les régions frontalières reculées de la République kirghize a été en soi une expérience d’apprentissage pour moi et l’équipe de PATRIP, ainsi qu’une occasion pour nous d’être témoins de l’impact des premiers projets de PATRIP dans le pays. Les écoles sélectionnées pour bénéficier d’un soutien ne sont pas seulement des centres éducatifs : elles sont la pierre angulaire de communautés en croissance rapide, dont beaucoup sont confrontées à des défis importants aggravés par la croissance rapide de leur population.
Mon rôle au sein de l’équipe des partenariats consiste à établir des relations qui favorisent la confiance et la collaboration. Ce rôle n’est pas seulement vital pour la FAK et ses partenaires. Il est essentiel pour établir des relations avec les autorités locales afin de faire avancer les projets, d’obtenir le soutien de la communauté et de travailler avec d’autres organisations pour créer un impact durable.
Chacune de ces relations présente des défis. Une discussion intense a tourné autour de l’utilisation du charbon pour chauffer les écoles, une question controversée dans un monde aux prises avec des crises climatiques. Compte tenu des problèmes environnementaux qui affectent profondément la République kirghize, tels que l’érosion des sols, les glissements de terrain et la pénurie d’eau, nos partenaires ont plaidé pour l’utilisation de sources d’énergie renouvelable comme l’énergie éolienne ou solaire pour chauffer les écoles. Pourtant, dans ces villages ruraux, les habitants insistaient sur le fait que le charbon reste l’option la plus pratique, étant facilement disponible, rentable et plus fiable.
Ces interactions ont mis en évidence la complexité du développement international et l’importance d’équilibrer les objectifs mondiaux de durabilité avec les réalités locales. Il est essentiel pour ceux d’entre nous qui ne sont pas en République kirghize d’accepter ces nuances et de rechercher des compromis pratiques qui répondent aux besoins locaux tout en recherchant des solutions durables.
Chaque visite d’école était une grande occasion, nos hôtes nous accueillant toujours avec du boorsok – de délicieuses bouchées de pâte frite servies avec du miel ou du beurre local – et une gamme de fruits frais et secs. Être un hôte généreux est un élément essentiel de la culture kirghize, et nous avons quitté chaque site non seulement avec des connaissances et des histoires fascinantes, mais aussi des souvenirs de la chaleur et de l'hospitalité avec lesquelles nous avons été accueillis.
Ce voyage m’a permis de mieux comprendre le rôle que joue l’aide internationale dans la promotion de la stabilité et du développement dans une région confrontée à de nombreux défis.
Alors que je continue de travailler avec nos partenaires pour aider la République kirghize à renforcer sa prospérité, je me réjouis à l’idée de retourner dans ces écoles, en espérant que ces projets continueront de créer un changement significatif et de construire des voies pour la paix et le progrès le long de l’une des frontières les plus complexes de la région.
Note : Depuis la rédaction de cet article, les gouvernements kirghize et tadjik ont conclu un accord historique, ouvrant la voie à une coopération plus poussée.
Photo : Ian Stone / AKFC
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Ian Stone / AKFC