Consommer Bilan du SCOT de Lille MĂ©tropole - Novembre 2022

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L'accès à une offre commerciale diversifiée

Le territoire du SCOT de Lille Métropole connaît ces dernières années une forte dynamique commerciale qui se traduit dans l’évolution des emplois associés. Cette dynamique fait écho aux recommandations du SCOT concernant l’accès des habitants aux services et commerces «de base» et à leur intensification en privilégiant une localisation «en ville» (au sens du SCOT).

Dans ce contexte, entre 2015 et 2021, commerces et services marchands ont généré plus de 7.000 emplois supplémentaires, soit une hausse de 8% des effectifs salariés de ce secteur.

Ceci se traduit par une offre globalement plus dense pour les habitants du territoire. Selon les segments de l’offre, les évolutions sont variées avec comme faits notables : une forte progression du secteur de la restauration, une légère baisse de l’emploi dans les grandes surfaces alimentaires au bénéfice de plus petits formats ou de l’artisanat commercial, ou encore un secteur de l’équipement de la personne dont la crise se poursuit avec la perte de 1.700 emplois et une traduction visible dans le paysage des centres-villes (fermeture des magasins de prêt-à-porter et chaussures).

À l'échelle communale, l’observation du taux d’équipement commercial indique un renforcement positif de l’offre proposée aux habitants sur le territoire. Des différences géographiques existent cependant entre les secteurs centraux les plus denses et les espaces périurbains ou ruraux, sur lesquels il convient de rester vigilant. Cependant, le développement constaté reste cohérent avec l’armature urbaine définie dans le SCOT. Enfin, la multiplication de nouveaux modes d'approvisionnement (ventes directes, drive, magasins de producteurs, AMAP...) permet un renforcement de l’offre alimentaire proposée aux habitants du territoire.

L'encadrement du grand commerce par l'armature commerciale

Le territoire métropolitain est historiquement marqué par la présence intense et maillée de grandes surfaces commerciales et de grands centres commerciaux (> 2.500 m²). C’est une de ses caractéristiques fortes par rapport à d’autres agglomérations telles que Lyon ou Marseille, qui disposent a contrario d’un tissu d’artisanat commercial plus dense.

Cette spécificité relative aux grands centres commerciaux s’est renforcée depuis 2015 avec la création d’un nouveau pôle prévu au SCOT. En effet, le centre «Promenade de Flandres» a vu le jour en 2017 et a été accompagné par des évolutions autour du centre commercial existant à Roncq, qui font désormais de ce pôle commercial de périphérie le plus important du territoire.

À travers l'activité de la Commission départementale d’aménagement commercial (CDAC) qui instruit les projets commerciaux «demandés», on constate que le rythme de demandes de création des grands espaces commerciaux (> 1.000 m²) s’est fortement ralenti au cours de la période 2010-2019 avec une baisse du rythme d’un quart en surface par rapport à la période précédente (2000-2009).

Cependant, même si cette dynamique suit une tendance à la baisse confirmée entre 2015 et 2020, force est de constater que ces projets privilégient toujours une implantation en périphérie malgré les recommandations du SCOT en la matière. La CDAC a donc un rôle à jouer : elle doit réussir à replacer les enjeux des divers projets déposés dans un contexte plus global de respect de l'armature commerciale métropolitaine dans son ensemble.

Ces différents constats sont à replacer depuis quelques années dans le cadre des évolutions des pratiques, tant au niveau de l’offre proposée que de la demande des habitants et consommateurs. Elles sont portées par des phénomènes émergents depuis quelques années, qui ont pu être accélérés par la crise sanitaire mondiale. Elles ouvrent des champs d’investigation et des perspectives qui seront au cœur des enjeux des années à venir. À titre d’illustration, on peut évoquer :

  • le sujet du rĂ©investissement des espaces urbains, notamment par des activitĂ©s comme l'alimentaire et les services marchands (restauration notamment) ;
  • la montĂ©e en puissance du e-commerce qui dĂ©multiplie les solutions d'achats, y compris dans l'alimentaire : supermarchĂ©s en ligne, plateformes d'achats de producteurs, darkstores... ;
  • les liens entre systèmes Ă©conomiques commerciaux et systèmes logistiques et transports de marchandises ;
  • le devenir des grands hypermarchĂ©s de pĂ©riphĂ©rie dont l'amĂ©nagement, mais Ă©galement le potentiel foncier, interrogent dans le cadre prospectif du «ZĂ©ro artificialisation nette».

Ă  retenir

Le territoire du SCOT poursuit depuis 10 ans sa dynamique dans le commerce et les services marchands. Cela a permis de créer plus de 7.000 emplois, soit une évolution de +8% des emplois salariés privés entre 2015 et 2021. Cette dynamique se traduit également dans le renforcement de l'équipement commercial des communes. Elle traduit une tendance à la création d'un maillage commercial fin, plus près des lieux d'habitation. Cela va dans le sens de l'orientation affichée du SCOT d'offrir au minimum l'accès à une offre alimentaire de base à tous.

En matière de développement des grands pôles commerciaux, la période a été marquée par un net ralentissement des demandes de création de surfaces de plus de 1.000 m², comparativement à la période 2010-2020. Cependant, on notera, parmi les principaux changements depuis 2015, qu'un nouveau grand pôle commercial, appelé Promenade de Flandres et situé à Neuville-en-Ferrain, a été créé (conformément au SCOT). Ce pôle, et les développements qui l'ont accompagné autour du centre commercial Auchan Roncq, témoignent du fait que les demandes, quand elles existent, continuent à s'exprimer en majorité en périphérie : 65% des demandes entre 2015 et 2020.

Cette situation est questionnée par l'évolution des pratiques de consommation, qui s'est accélérée depuis la crise sanitaire de 2020. En effet, l'augmentation du e-commerce et des pratiques de consommation alternatives (drive, darkstores, etc.), associée à l'émergence de nouveaux systèmes logistiques, interrogent sur le devenir des grands pôles commerciaux de périphérie. Ce questionnement est renforcé par les objectifs fonciers du «Zéro artificialisation nette» (ZAN) exprimés à l'échelle nationale par la loi Climat et Résilience de 2021.

CONTACTS

Emma RAUDIN : eraudin@adu-lille-metropole.org - Chargé d'études principale - Agence de développement et d'urbanisme de Lille Métropole

Alexis MARCOT : amarcot1@adu-lille-metropole.org - Directeur d'études - Agence de développement et d'urbanisme de Lille Métropole

Photos : Rue de la Monnaie, Lille ©Vincent Lecigne / MEL - Zone d'activité, Hem ©Vincent Lecigne / MEL - Promenade de Flandre, Neuville en Ferrain ©Vincent Lecigne / MEL