Vision stratégique du chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace
La France est une puissance militaire aérospatiale dont l’armée de l’Air et de l’Espace est l’avant-garde. Cette puissance est un atout majeur au service de la défense et de la sécurité des Français, de la liberté d’action politique et d’efficacité des opérations militaires. En permanence, l’armée de l’Air et de l’Espace défend résolument notre pays, partout dans le monde, avec le ciel pour champ de bataille.
Ce que nous incarnons, ce que nous maîtrisons
- Apprécier la situation de façon autonome
- Dissuader en permanence les menaces d’origine étatiques contre nos intérêts vitaux
- Défendre et sécuriser l’espace aérien national et ses approches
- Porter secours aux populations
- Évacuer nos ressortissants
- Intervenir et projeter les forces et la puissance en tout point du globe
Les défis qui s’imposent à nous
Nous sommes entrés dans une nouvelle ère, marquée par la contestation croissante de l’ordre international et par l’emploi désinhibé de la force. Retour du fait nucléaire dans le jeu des puissances, tentatives d’intimidation, prolifération d’armements en tout genre, espaces aériens densifiés et de plus en plus dangereux, accès aux théâtres d’opérations entravés, crise environnementale…
Notre ascendant dans l’air et l’espace est désormais contesté. Face à nos adversaires potentiels, nous allons :
- imposer un langage de puissance grâce à des manœuvres de signalement stratégiques
- penser notre résilience et notre capacité d’action sur l’ensemble du continuum sol - air - espace, très haute altitude comprise
- durcir la protection de nos points d’appui
- développer nos capacités de suppressions des défenses aériennes ennemies
- renforcer et multiplier nos partenariats
- intégrer l’intelligence artificielle de combat, dans une approche responsable
- garantir, dans la durée, notre capacité à produire les effets militaires attendus
Ma vision stratégique
3 axes d’effort
1. Préparer et gagner le combat aérospatial
POUR UNE ARMÉE DE L’AIR ET DE L’ESPACE QUI S’ENTRAÎNE ET SE BAT AVEC UN TEMPS D’AVANCE
- Faire effort sur l’arrière, en consolidant nos expertises et la résilience de notre système de combat : multiplier nos déploiements et renforcer notre capacité à opérer hors des bases permanentes (concept otanien Agile Combat Employment - ACE), tout en durcissant la protection de nos emprises.
- Faire effort sur l’avant, en étant capable de percer les systèmes de défenses aériennes ennemis : un savoir-faire qui passe notamment par la préparation opérationnelle, pour laquelle nous devons exploiter les possibilités offertes par la simulation et la transformation numérique en général.
- Penser notre action sur l’ensemble du continuum sol – air – espace, avec un engagement particulier dans la très haute altitude comme démultiplicateur de nos effets.
- Concevoir une manœuvre aérospatiale s’appuyant sur l’intégration des effets dans l’air, dans l’espace mais aussi dans les champs électromagnétique et informationnel.
- Accélérer nos boucles décisionnelles : la puissance militaire aérospatiale est avant tout fondée sur la précision et la rapidité du ciblage et de l’action, le passage de l’un à l’autre reposant sur la fonction « commandement et conduite » (C2).
Notre supériorité technologique et notre rapidité d’exécution dans le C2 constituent le moyen de déjouer les pièges du rapport de force, en imposant un rapport de puissance : l’application au bon endroit, au bon moment, de l’effet requis annihile l’ascendant détenu a priori par celui qui a l’avantage du nombre.
2. VALORISER LES AVIATEURS
POUR DES COMBATTANTS PRÉPARÉS AUX MISSIONS D’AUJOURD’HUI ET DE DEMAIN
- Former nos Aviateurs aux savoirs et savoir-faire liés aux technologies émergentes et aux nouveaux milieux de conflictualité : espace et très haute altitude, cyberespace, électromagnétique, informationnel, intelligence artificielle....
- Exploiter la transformation numérique dans la fonction RH (recrutement, formation, gestion...)
- Entretenir et développer le lien entre les Aviateurs et la société civile (ex. Escadrilles Air Jeunesse) ; prendre en compte la question environnementale dès lors que notre action opérationnelle n’est pas entravée ; garder le cap vers une réserve opérationnelle qui doit doubler d’ici 2030.
Je veux renouer avec "l'esprit d'escadrille" : un esprit de corps qui transcende les différences de recrutement, de statut ou de métier, et qui permet à chaque Aviateur de trouver sa place et d'exprimer son talent.
La camaraderie sur terre et dans le ciel
La liberté dans la discipline
Le prestige du courage guerrier
Le geste individuel dans l’action de masse
3. MODERNISER NOS CAPACITÉS
POUR SÉCURISER NOTRE ASCENDANT OPÉRATIONNEL ET TECHNOLOGIQUE
- Tenir les jalons capacitaires structurants (Rafale F5, missile ASN4G, suppression des défenses aériennes ennemies). Poursuivre les programmes en cours (SCAF, modernisation des systèmes C2 etc.) Renforcer la défense sol-air multicouches, notamment sur le segment de la lutte anti-drone. Développer nos moyens de guerre électromagnétique dans l'air et l'espace.
- Réinterroger nos exigences normatives. L'hypothèse de l'engagement de haute intensité impose la bascule du maintien en condition opérationnelle aéronautique vers la culture du risque. Un changement d'état d'esprit à étendre au domaine du développement capacitaire (envisager d'assumer un revers ponctuel comme une étape acceptable vers l'acquisition rapide de nouveaux moyens).
- Poursuivre le développement de nos capacités dans la très haute altitude et l'espace (pour démultiplier nos effets et faire face à l'augmentation des menaces). Accélérer l'intégration de nouveaux équipements et acteurs de l'industrie spatiale, pour agir vers, depuis et dans l'espace.
L'ascendant technologique est primordial. Mais nous devons aussi être capables de produire un effet de saturation en combinant masse et technologie. Cela implique d'accélérer la mise en service de nos armes (en allant plus vite dans les travaux capacitaires, surtout dans les secteurs à forte évolutivité comme les drones) et de maximiser leur disponibilité. Il s'agit aussi d'explorer toutes les opportunités liées, d'une part, à la transformation numérique (exploitation de la donnée, recours à l'IA) et d'autre part, à l'ambition européenne d'accroître son autonomie stratégique.
Crédits:
Service d’information et relations publiques de l’armée de l’Air et de l’Espace - SIRPAAE