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L'AUTONOMIE PROFESSIONNELLE

Aucune définition, trois conditions

Même si l’expression autonomie professionnelle est omniprésente dans les discours des acteurs (ministériel, patronal et syndical) du réseau de la santé et des services sociaux, elle ne fait l’objet d’aucune définition dans la loi ou les conventions collectives qui encadrent nos membres.

Certains codes de déontologie la mentionnent (ex. : celui des psychologues), mais toujours sans la délimiter clairement. À défaut d’une telle définition, on peut généralement dire d’une personne salariée qu’elle possède une autonomie professionnelle quand trois conditions sont satisfaites :

  1. elle est en mesure de définir elle-même ses activités et ses missions;
  2. elle peut exercer un pouvoir discrétionnaire dans le déroulement de son travail quotidien;
  3. elle peut s’écarter du travail prescrit selon son bon jugement et son éthique professionnelle.

Son importance en santé et services sociaux

Dans le réseau de la santé et des services sociaux l'autonomie professionnelle désigne la capacité des travailleur·se·s à prendre des décisions indépendantes fondées sur leur expertise et leur jugement clinique. Cela inclut le choix des méthodes et des approches adaptées aux besoins des usager·ère·s dans le respect des normes professionnelles prescrites.

Si l’autonomie professionnelle procure la satisfaction et la valorisation associées à l’exercice de ses propres choix, elle a également ‒ chose importante ‒ une incidence déterminante sur la qualité des soins en permettant d’adapter ceux-ci aux besoins spécifiques de chaque usager·ère.

Même en l’absence de contacts directs avec les usager·ère·s, l’autonomie professionnelle assure que les services sont effectués dans des conditions optimales avec des risques d’erreurs moindres. Elle favorise aussi l’innovation des pratiques en permettant d’améliorer celles-ci grâce au jugement clinique.

Quand la charge de travail compromet l’autonomie

Une charge de travail trop lourde limite le temps disponible pour chaque usager·ère et réduit la capacité d’exercer un jugement clinique approfondi et personnalisé. Le stress et l’épuisement qu’elle entraîne peuvent également affecter la qualité des décisions et augmenter le risque d’erreurs.

Finalement, même si l’on définit souvent l’autonomie au niveau individuel, une pratique autonome efficace implique souvent la possibilité de prendre du temps pour échanger avec ses collègues afin de s’investir dans sa communauté de pratique, ce qui devient difficile lorsque la charge de travail est trop élevée.

Les études ont démontré des liens évidents entre une faible autonomie au travail et plusieurs problèmes de santé, particulièrement lorsque la demande psychologique au travail est intense. D’où l’importance d’avoir en place de saines pratiques de gestion qui favorisent cette autonomie. Alarmez-vous si ce n’est pas le cas.

L'autonomie professionnelle est en effet essentielle pour garantir des soins de qualité et la satisfaction des travailleur·se·s de la santé et des services sociaux. Une charge de travail raisonnable est cruciale pour permettre l'exercice plein et entier de cette autonomie.

Exercer votre autonomie professionnelle est votre droit : contactez votre équipe syndicale locale pour connaître les recours qui s’offrent à vous lorsqu’elle vous semble compromise.

POUR EN SAVOIR PLUS

aptsq.com/chargedetravail

CRÉÉ PAR
Patrick Mathieu
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