Le 27 août 2025
Monsieur le Directeur général,
Vous avez convié la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF) à une seconde réunion relative à l’évolution du régime de la nouvelle prestation de fidélisation et de reconnaissance (NPFR) des sapeurs-pompiers volontaires le 3 septembre prochain.
Cette initiative fait suite aux inquiétudes soulevées par votre Direction générale et Départements de France quant à la soutenabilité budgétaire de ce régime au regard des trajectoires financières consécutives aux prévisions de montée en charge de ses dépenses dans un contexte de forte contrainte pour les finances publiques.
Selon les projections réalisées par Impala Gestion, organisme national de gestion, ces trajectoires prévoient d’ici 2040 un passage de 42 M€ à 175 M€ des contributions publiques relatives à la NPFR, assumées à parité par l’État et les collectivités territoriales chargées du financement des SDIS.
Parfaitement identifiée dès la réforme de la PFR 1 initiée en 2015 et traduite en 2016 par la création de la NPFR, cette montée en charge des dépenses résulte de la volonté alors exprimée par les élus en charge de la gestion des SDIS, acceptée par l’État, de passer d’un régime par capitalisation à un régime en flux budgétaires. Elle résulte également de l’abaissement du seuil à 15 ans et de la revalorisation des montants de la NPFR décidés par le législateur et les financeurs des SDIS lors du vote de la loi Matras en 2021.
La NPFR, dont la qualité de la gestion conduite par l’Association Nationale pour la Prestation de Fidélisation et de Reconnaissance des Sapeurs-Pompiers Volontaires (APFR) est unanimement reconnue, constitue le pilier du dispositif de fidélisation et de reconnaissance des sapeurs-pompiers volontaires, socle de notre modèle de sécurité civile.
Les sapeurs-pompiers volontaires sont dans une inquiétude croissante et perçoivent comme un manque cruel de reconnaissance de leur engagement au service des populations la non-parution persistante du décret d’application de la réforme des retraites de 2023 leur accordant une bonification de trimestres après au moins 10 ans de service en cumul de la NPFR.
Ce décret demeure le seul texte de mise en œuvre de cette réforme non finalisé à ce jour et son aboutissement ne saurait dès lors être différé au-delà du prochain Congrès national début octobre.
Dans ce contexte, toute remise en cause du régime de la NPFR tout comme le gel des revalorisations annuelles de ses montants, en cumul du gel du montant des indemnités horaires depuis deux ans en méconnaissance de l’Engagement national pour le volontariat signé par les acteurs de la gouvernance en 2013 au congrès de Chambéry, ne saurait être accepté.
Une telle remise en cause aurait de manière certaine et immédiate pour effets directs une démotivation profonde et une baisse sensible des effectifs de sapeurs-pompiers volontaires, une dégradation de la proximité des secours et une altération de la capacité de réponse aux crises dans le cadre de la solidarité nationale en totale contradiction de renforcer le volontariat face aux effets du dérèglement climatique.
Ainsi, l’économie recherchée de 130 M€, dont l’importance doit être relativisée au regard de certaines dépenses de ressources humaines ou normatives récemment imposées sans réaction aux SDIS, serait plus qu’annihilée par les coûts résultant du besoin de recrutement de personnels en compensation du manque de sapeurs-pompiers volontaires, ainsi que par les pertes de vies et de biens liées à la dégradation de notre modèle de secours.
Pilier de ce modèle, le volontariat doit être placé au cœur des priorités politiques plutôt que de servir constamment de variable d’ajustement budgétaire.
Cette priorité politique accordée à l’engagement citoyen comme socle de notre modèle de sécurité civile doit se décliner de façon affirmée et assumée dans la réforme du financement des SDIS tant attendue depuis 2021, qui ne peut plus longuement être différée et doit intégrer clairement un soutien au renforcement des moyens capacitaires territoriaux, dont le besoin a été une nouvelle fois cruellement mis en exergue par le mégafeu qui a ravagé l’Aude au début de ce mois.
Dans ces conditions, je vous informe de la décision de la FNSPF de ne plus participer au cycle de réunions relatif à l’évolution du régime NPFR.
Toutefois notre Fédération reste ouverte à toute solution permettant de soutenir le financement du régime de la NPFR, comme éventuellement un report de l’âge de liquidation, actuellement fixé à 55 ans, en cohérence avec l’augmentation de deux ans de la limite d’âge de fin d’activité résultant du décret n° 2024-1093 du 3 décembre 2024 modifiant certaines dispositions relatives aux sapeurs-pompiers volontaires.
Je vous prie de croire, Monsieur le Directeur général, en l’assurance de mes sentiments les meilleurs.
Jean-Paul BOSLAND
Crédits :
FNSPF