Confession pour une machine
Mon identité doit rester secrète car ce que je vais vous raconter pourrait modifier le fil du temps. On est en plein mois de décembre en 2021 à Berlin. Le virus qui nous obsède a altéré notre imaginaire autant que la mémoire. La seule issue possible réside à consigner ses pensées dans un carnet ou ses souvenirs par des photographies.
C'était hier, avec mon mental affecté par l'anonymat comme norme, alors que je prenais des images avec un certain manque de netteté, tout le monde dans le métro, vivait masqué. J'avais pour devoir de me munir systématiquement d'un passeport sanitaire en cas de contrôle. Pointer le bout de mon nez était perçu comme un acte d'exhibitionnisme; c'était répréhensible et je ne savais pas où cela s'arrêterait. La santé n'avait pas de prix! Alors j'ai rêvé d'être quelque chose d'autre pour mimer mon aliénation et pour garder les souvenirs.
C'est alors que j'ai décidé d'aller à la recherche de moi-même et c'est comme cela que je suis devenu photobooth.
Chez moi, un simple rideau sépare le monde de ma réalité. Mon intérieur c'est mon studio, cet isoloir, une scène de théâtre ou un confessionnal. Le public y vient sans masque, emprunt d'une certaine nostalgie.
Aujourd'hui lecteur de l'autre côté de l'écran, avec ton dos affaibli, aspires-tu à devenir quelque chose d'autre aussi ? Raconte-toi, raconte-moi.
Propos recueilli par Bruno D'ALIMONTE
Photoautomat XIV - Berlin 2021
- Dimensions image 17×21,5cm vs feuille 21×29,5cm
- Impression pigmentaire homemade sur papier baryté
Photoautomat XIV fait partie de la série Photoautomaten de Bruno D'ALIMONTE