L’Agence de développement et d’urbanisme de Lille Métropole a initié une démarche prospective et partenariale « Initiatives, Innovation & Vieillissement ».
CROISER LES REGARDS ET LES COMPÉTENCES POUR PENSER AUTREMENT
Cette démarche s’appuie principalement sur l’animation d’un espace d’échanges associant des partenaires publics et privés, issus du monde du logement et celui du médico-social, tous acteurs à leur manière dans le champ de l’habitat et du vieillissement.
Mobilisés dès l'émergence de la démarche ou ayant exprimé un intérêt pour la rejoindre au fur et à mesure des rencontres et travaux réalisés, les partenaires participent sur la base du volontariat et du principe de réciprocité. Pensé comme un espace ouvert, il est amené à accueillir encore de nouveaux acteurs.
UNE DÉMARCHE QUI ÉVOLUE SOUS L'IMPULSION DE SES PARTENAIRES
Initialement conçue lors de sa création comme un lieu de débats et de partage d'expériences, la démarche a peu a peu évolué sous l'impulsion de ses partenaires.
Il s’agit maintenant de transformer les éléments d’analyses en propositions stratégiques et (pré)opérationnelles permettant d’alimenter les acteurs en situation de portage et de développement de projets d’habitat adapté.
Il s’agit aussi de contribuer aux réflexions et actions portées par la MEL dans le cadre de sa politique habitat, au moment où celle-ci élabore et met en œuvre son troisième Programme local de l'habitat.
L'ESPRIT ET LA MÉTHODE LIVING LAB
L’envie d’aller plus loin ensemble a abouti à la formulation d'une ambition commune, celle de soutenir le développement d’un "habiter" adapté au vieillissement dans la métropole lilloise.
Au fil des rencontres, les échanges partenariaux consolident une dynamique de co-production en s'appuyant sur les compétences et expertises des partenaires, chacune dans leur propre champs d'actions (habitat-logement vs médico-social ; approche opérationnelle vs dimension étude-recherche ; échelle métropolitaine vs échelle de l'opération).
Aspirant à devenir un espace d'innovation ouverte, la démarche a pour objectif d'inclure les habitants et leur expertise d’usage dans les processus de production.
LES BÉNÉFICES ATTENDUS
Tout d'abord, les échanges permettent la production et le partage de connaissances au service de la construction d'une vision partagée.
Par ailleurs, la rencontre des différents partenaires génère une meilleure (re)connaissance mutuelle des acteurs, propice au développement de liens.
Enfin, la démarche produit des projets communs et de la matière que les partenaires vont pouvoir intégrer chacun dans leur propre champ d'actions et de compétences.
UNE VISION PARTAGÉE
La recherche du bien-être de la personne âgée
Dans un contexte de nécessaire adaptation des territoires au phénomène de vieillissement de la population, les acteurs partagent la conviction que pour favoriser le bien vieillir, il faut pouvoir garantir l’autonomie de la personne, ses interactions avec son entourage et son environnement, de même que sa capacité à être et rester acteur de sa vi(ll)e.
Vers un « habiter » adapté
Face à ce triple enjeu du bien-être, un projet d'habitat adapté pour les personnes âgées doit pouvoir se réfléchir en termes :
- De conception du logement
- D’habitat, c’est-à-dire le logement et son environnement
- D’habiter, ce qui renvoie à la question des usages, la manière dont la personne habite son logement, son quartier, son territoire…
- Des ressources financières de la personne.
Une multiplicité de solutions d’habiter
Il existe aujourd'hui de nombreuses initiatives pour élargir le panel des solutions d'habitat et d'habiter pour les personnes âgées entre le logement ordinaire pour lequel se pose la question de son adaptation et l'hébergement institutionnel pour personnes dépendantes (EPHAD).
Une adaptation nécessaire de l’environnement
Pour chacune de ces solutions d'habitat et d'habiter proposée, le projet doit pouvoir poser la question de l'environnement social et urbain au-delà de la seule question du logement. Cette prise en compte de l'adaptation de l'environnement dans les projets développés est essentielle pour promouvoir le bien vieillir dans les territoires.
DES PROJETS COMMUNS
L'IDENTIFICATION ET LE DÉVELOPPEMENT DE SECTEURS BIEN VIEILLIR
Rédaction : Janvier 2022
Alors que la MEL élabore son 3e Programme local de l’habitat, elle souhaite y inscrire l’ambition du bien vieillir. Dans cette perspective, l’ADULM a été missionnée pour proposer une démarche d’identification et de développement de secteurs propices au bien vieillir. Celle-ci valorise toute la matière co-construite par le living lab « Initiatives Innovation & Vieillissement » autour des critères et des leviers pour un habiter adapté.
Qu’est-ce qu’un territoire propice au bien vieillir ?
C’est un territoire qui bénéficie de tout l’écosystème garantissant les conditions d’un habiter adapté au vieillissement, à savoir, des logements adaptés (issus tant du développement d’une offre nouvelle que de l’adaptation de l’offre existante), mais également un environnement adapté. D’une part l’environnement est urbain et inclut les commerces, services, aménagements et infrastructures permettant aux personnes de bien vieillir tout en restant chez elles. D’autre part, l’environnement est social et intègre l’ensemble des services à la personne et des acteurs contribuant également au bien vieillir des personnes à domicile.
Des éléments de cet écosystème doivent pouvoir être implantés et aménagés sur les territoires de vie des personnes (présence de commerces et de services, lieux d’accueil, infrastructures de transports, espaces publics adaptés, etc.). Si d’autres éléments n’ont pas toujours nécessité à être ancré sur un socle territorial, ils doivent néanmoins pouvoir être reliés aux habitants et leurs besoins et interconnectés entre eux au service du projet de vie des personnes (services à la personne, soins médicaux, services d’aide à la mobilité, commerces ambulants, etc.)
Répondre à la diversité des enjeux territoriaux
Pour permettre le développement de territoires propices au bien vieillir au sein de la MEL, un premier travail d’identification de secteurs et de catégorisation en plusieurs types de zonages est en cours de réalisation en concertation avec les élus et les acteurs locaux.
Il s’agit de tenir compte de la plus ou moins grande densité de besoins dans les territoires selon que les secteurs soient localisés dans des villes d’agglomération ou ville-centre ou dans des villes périurbaines ou rurales. Il s’agit également d’appréhender pour l’ensemble des secteurs dans quelle mesure les différents éléments de l’écosystème favorable au bien vieillir sont localisés dans les territoires à ce jour.
Sur la base de ces analyses permettant de préciser les enjeux, la MEL pourra territorialiser et spécifier les actions qu’elle mène en termes de développement d’un habitat favorable au vieillissement, dans le but de conforter sa programmation établie pour la durée du PLH (6 ans).
L'ÉLABORATION DE PROMENADES SENSIBLES
Rédaction : Février 2022
C’est dans la perspective d'un référentiel sur l'environnement des opérations d'habitat adapté au vieillissement qu’a émergé l’idée d’élaborer des promenades sensibles avec des habitants des opérations d’habitat accompagné, les Octave. Initialement prévues dans le cadre de l’évaluation du programme Octave pilotée par la MEL (juillet 2020-avril 2021), elles ont dû être reportées eu égard au contexte sanitaire. Elles se sont finalement déroulées en novembre 2021.
Ces promenades permettent de compléter la démarche évaluative pilotée par la MEL. En outre, elles soutiennent de manière plus générale les réflexions sur les critères et les leviers pour un environnement adapté au vieillissement dans la perspective de futurs projets. Les promenades et le processus de co-production qui en découle permettront in fine de consolider un référentiel qui pourra contribuer à la mise en œuvre de la politique de la MEL en faveur du bien vieillir au moment où celle-ci finalise son 3ème Programme Local de l’Habitat.
L’expérimentation d'une approche sensible par le biais d'une promenade en groupe
La promenade sensible s’avère très adaptée pour faire appel à l’expertise d’usage des habitants, notamment dans la perspective d’une évaluation de leur environnement. Le principe est simple. Animée sous forme de focus-group en marchant, la promenade propose une déambulation dans les parties communes, aux abords immédiats de l’opération et dans le quartier. Le choix de l’itinéraire est défini par les habitants sur la base de leurs habitudes et leurs pratiques.
À partir des expériences et ressentis personnels, il s’agit de construire une vision collective. Les témoignages des habitants sont analysés au prisme d’une grille de lecture pour appréhender de quelle manière leur environnement est perçu et vécu en termes de qualité, d’accessibilité et de sécurité. Cela permet plus particulièrement d’identifier quels en sont les leviers et les freins.
La méthodologie de ces promenades a été élaborée avec la MEL, Féron-Vrau, l’association qui assure le service d’accompagnement auprès des habitants de ces opérations Octave et le laboratoire de recherche HADEPAS (handicap, autonomie et développement de la participation sociale). D’autres partenaires de la démarche Initiatives Innovation & Vieillissement se sont également mobilisés pour contribuer à son animation (Béguinage & Compagnie, CARSAT Hauts de France, LMH, Malakoff Humanis, Vilogia).
Ce que l'on en retire ? Les premiers enseignements...
L’environnement, un élément-clé pour la qualité de l’habiter
Si une grande importance est accordée de manière générale aux questions d’hygiène et de sécurité, la proximité des services et commerces est un facteur-clé pour se sentir autonome et bien dans son quartier.
« C’est ce qu’il faut, des logements près des commerces avec tout à proximité. »
L’intérêt de l’expertise d’usage pour appréhender les questions de mobilité
Les expériences des habitants, et les freins et leviers à la mobilité qu’elles révèlent, permettent de constater certains écarts entre les aménagements tels qu’ils sont pensés et la réalité des usages au quotidien. À titre d’exemples, les petits ressauts au sol au niveau des portes vécus comme un frein pour les personnes à mobilité réduite alors qu’elles sont aux normes. Ou l’accès secondaire d’un des bâtiments pour lesquels les portes sont lourdes et pas adaptées contrairement à celles de l’accès principal, alors qu’il est fréquemment utilisé par les personnes.
« Jusqu’à la pharmacie en béquille, ça va… Je fais la route en deux fois. » (avec une pause sur le trajet, debout, car il n'y a pas de mobilier pour s’asseoir, ndlr)
La promenade comme espace de dialogue
L’apport du point de vue du bailleur social, de même que de compétences en termes d’aménagements et/ou de mobilité ont permis par ailleurs aux habitants de mieux comprendre les contraintes et les attentes de l’ensemble des parties prenantes d’un projet. La promenade permet de « revisiter » ensemble le quartier.
Une dynamique de co-production à poursuivre
L’objectif est aujourd’hui de poursuivre la dynamique enclenchée. L’organisation d’un atelier de travail associant les habitants et les partenaires mobilisés par les promenades a pour finalité de partager et approfondir les analyses en consolidation d’éléments pour un référentiel.
LE COIN DES RESSOURCES
Publications :
Planche de synthèse :
CONTACTS
Stéphanie DEMEYERE : sdemeyere@adu-lille-metropole.org - Chargée d'études principale - Observation Prospective - Agence de développement et d'urbanisme de Lille Métropole
François LEURS : fleurs@adu-lille-metropole.org - Directeur des politiques sociales et urbaines - Agence de développement et d'urbanisme de Lille Métropole
Crédits photos : MEL - Place-Buisses_416©Pascaline Chombart / ADULM - Vue panoramique