Du contrat de ville au contrat des possibles !
La politique de la ville a pour finalité d’améliorer les conditions de vie des habitants et de réduire les écarts de développement entre d’une part les quartiers urbains défavorisés et d’autre part les autres territoires. Elle est la seule politique transversale territorialisée (outre la politique des outre-mer), ce qui veut dire qu’elle ne peut être mise en place qu’à la condition que les parties prenantes travaillent ensemble. Pour autant, on constate de nombreux freins à la mise en synergie des politiques sectorielles et au développement d’initiatives innovantes. L’évaluation à mi-parcours peut être l’occasion de changer de logiciel, et cette journée rassemble des acteurs de ce changement. Nos voisins de la région PACA, mais aussi l’ANCT au travers de l’expérimentation nationale Quartiers à Impact Collectifs, sont venus témoigner d’autres manières de faire. Comme le dit Rehda Califano, « nous sommes deux, ils sont 10 000, encerclons-les ! ». Il suffit de quelques personnes pour enclencher des dynamiques, pour peu qu’elles soient convaincues et courageuses…
Et si...
Si la coopération était une couleur ? 🟩 Vert pour l'espoir ⬜ Blanc pour la neutralité et parce que ça contient toutes les couleurs
Si la coopération était un animal ? Un ours 🐻 ou un singe 🐒 car ils savent tout faire Une girafe 🦒 car facile à identifier mais difficile à décrire
Ce qui flingue la coopération ? Le manque de communication Les AAP et la mise en concurrence Les egos, l’inertie Le manque de portage politique Le manque de clarté sur le positionnement de chacun, etc.
Dans COOPERATION on trouve opéra 💡 Chacun son rôle, chacun doit s’écouter, s’entraîner, s’harmoniser afin de travailler à un bien commun qui nous dépasse.
Les enseignements de la journée...
Le rôle de l’observation dans l’accompagnement au changement :
En quoi la donnée est un enjeu clef au service d’un travail collectif ?
Le Compas travaille depuis 30 ans sur les questions d’observation des QPV, il a fait partie de la démarche menée sur la métropole d’Aix Marseille Provence, dans le cadre des évaluations et de l’élaboration du contrat de ville métropolitain et des projets de territoires et conventions communales. C’est à partir des données d’observation que les élus ont été sensibilisés aux enjeux de cohésion sociale dans les QPV de leurs communes : Hervé Guery, directeur du COMPAS, fait parler les données d’observation pour pointer les difficultés vécues et dénoncer les fausses représentations. A l’occasion de l’évaluation à mi-parcours, en fin de parcours, à l’occasion du diagnostic de territoire, les données d’observation permettent de rassembler autour de leur analyse et d’amorcer le travail collectif. Le Compas fait équipe avec le service cohésion sociale et le service innovation sociale de la Métropole, et le GIP CRPV PACA « Cités Ressources ». Ces derniers mobilisent les élus, les techniciens Etat et Collectivités, les associations, les habitants pour des temps de diagnostics partagés. Le Compas produit des analyses basées sur les données INSEE, CAF, Conseil Départemental, et des indicateurs agrégés qui leur sont propres. Sur les territoires demandeurs, il mène une démarche d’observation avec les habitants, « les veilleurs », qui contribuent au diagnostic. Ce travail est réalisé en partenariat avec l’ensemble des habitants qui sont déjà engagés dans de la participation (parents d’élèves, comité de quartier, etc.). Sont également associés les membres des associations. Des analyses croisées sont régulièrement organisées sur des thématiques abordées dans les contrats de ville.
Mais le plus important, c’est la synergie générée par l’analyse collective !
En quoi le contrat des possibles est-il inspirant ?
Le contrat de ville de la Métropole Aix-Marseille-Provence répond aux différents enjeux soulevés lors des évaluations 2023, à savoir la simplification administrative, la mobilisation du droit commun, le recentrage de la politique de la ville sur l’expérimentation, une réelle implication des élus, des habitants et des associations, des fondations à un projet de territoire et sa mise en œuvre. C’est une réelle dynamique collective qui est impulsée, avec des modalités d’action clairement définies. Cette démarche implique un changement de posture, une ouverture à l’innovation étayée par la possibilité d’aller chercher les bonnes pratiques inspirantes en France et à l’étranger…
Le rôle de la Métropole dans le contrat de ville des possibles :
La métropole a le rôle de pilote de la politique de la ville, mais s’attache également à « booster la dynamique avec l’Etat, quitte à s’affranchir à certains moments des directives nationales pour s’inscrire dans un processus de construction locale. 3 niveaux / trois cahiers différents : 1. Contrat cadre : programme stratégique et opérationnel pour porter la question de l’inclusion à une échelle macro et transversale au sein de la Métropole Aix-Marseille-Provence. Il s’appuie sur une logique d’alliances publiques et privées, internes à l’institution mais aussi extérieures. 2. Des conventions communales (micro-contrats de ville par commune en PV) 3. Des projets de quartier construits avec toutes les forces vives (Etat, collectivités, associations, habitants…)
La place des élus :
Les Élus métropolitains sont un peu plus à distance des QPV que les élus des villes. Il y a un enjeu de faire porter la transformation publique par ces élus. L’observation, avec l’intervention du COMPAS, a permis dans un premier temps de faire prendre conscience aux élus de la réalité vécue dans les quartiers. L’émotion permet aussi de changer les idées reçues. La question de la discrimination liée aux origines a été une première étape pour faire réfléchir sur les blocages de chacun, et impliquer de manière active les élus.
Ex. de vidéo montrée en démarrage d’atelier incluant les élus : l’ouragan Rachid L’humour et la place du récit ont permis de dynamiser la démarche et de réconcilier les élus avec la politique de la ville, jusqu’ici vécue comme un outil technique. Les élus des villes ont retrouvé une place dans le contrat de ville, avec des conventions communales en cahier 2 pour chaque ville membre de la Métropole. Un club des élus est réuni chaque année, piloté par le VP, et préparé en amont avec les techniciens. Il donne l’impulsion politique. C’est une alliance pour aller plus loin, plus vite ensemble. Ce n’est pas un espace partenarial car il n’y a que les maires et le VP avec ses élus. Ils Peuvent inviter des partenaires. Composent en fonction des sujets choisis : zoom sur la mobilité par ex. Ils ont invité les services techniques pour comprendre le sujet. Le club des élus génère de vrais débats politique. Charge aux techniciens de mettre en œuvre les préconisations.
Sortir de l’Appel à Projet ?
L’ANCT rappelle que l’AAP n’est pas obligatoire. Des collectivités comme Carpentras, Saint Etienne, sont sortis de l’AAP. Il peut y avoir des manière de faire plus coconstruite avec les associations pour élaborer des projets. La démarche QIC a permis d’aboutir à ce changement de pratique. L’ensemble des parties prenantes dont les associations décident ensemble de la répartition des budgets. Sur la Métropole d’Aix-Marseille-Provence : Changement de logiciel : volonté de revenir sur une animation de proximité, inclusive. L’Appel à projet est maintenu mais simplifié : une seule plateforme pour candidater à la politique de la ville (Dauphin pour la métropole, la ville, le Conseil Départemental). (Sachant que le Conseil Régional ne finance pas). L’AAP n’est plus l’unique modalité de programmation, d’autres outils sont mis en place, comme un fond local de proximité pour les associations qui ne veulent pas se positionner sur l’AAP (fonds privés de la Fondation Abbé Pierre, gestion du fond local de proximité par la Ligue de L’enseignement) Un budget participatif de fonctionnement : les habitants définissent les solutions qu’ils veulent avoir sur le quartier puis lancement d’un AMI avec les acteurs associatifs et les habitants puis votent des habitants sur les projets déposés. Incubateur associatif très connecté au Fonds européens (2 Mi d’€ levés pour ces associations) 2 autres Fonds à l’échelle de la Métropole : jeunesse et innovation et 1 sur l’innovation sociale (Pacte de solidarité 50%) = 2.7 Mi d€ Il s’agit de s’appuyer sur des évènements conviviaux et valorisants : Printemps des actions : les associations viennent présenter aux élus leurs actions sans techniciens aujourd’hui (permet de transcender le rapport financeur / financé) ce qui fait baisser la pression entre ces deux familles d’acteurs. Ex. de la fête couplée au vote du budget participatif avec présence des élus en proximité des habitants.
Le rôle du Lab des Possibles : Un espace pirate…
Rehda Califano est directeur de la cohésion sociale de la Métropole, direction qui comprend la politique de la ville, l’insertion, la jeunesse, la lutte contre les discriminations. Il a voulu changer de logiciel, et s’ouvrir aux innovations. Il s’appuie sur José Da Silva, qui est en charge du Lab des Possibles. Sa mission consiste à donner envie aux acteurs de s’intéresser à la politique de la ville et à l’inclusion. En utilisant le design de service, les sciences comportementales, la communication et l’intelligence collective, le Lab des Possibles travaille avec les acteurs du privé et du public. Il génère une démarche prospective pour une métropole inclusive. Exemples de réalisations : - Fabrique de l’inclusion numérique (FIN) : plan de lutte contre la fracture numérique et d’accompagnement à la transition numérique sur AMP. - Quartier plus vert (QPVert) : transition écologique dans les quartiers populaires à travers le prisme des métiers de demain dans 4 secteurs clés « habiter, se nourrir, se déplacer, prendre soin ». - Bonne mer : « Comment l’accès à la mer peut-il être un levier de cohésion sociale, d’opportunité d’emploi et d’insertion, et support d’identité commune, de citoyenneté et de sensibilisation à l’environnement ». - Contrat des Possibles : mise en place des futurs contrats de ville sur la base d’un nouveau logiciel de l’action publique sur les territoires. Avec l’appui du CRPV et du Compas. - Budget participatif : trois expériences des premiers budgets participatifs en fonctionnement, avec l’édition d’un kit de prise en main.
Le rôle du CRPV Cité Ressources
La politique de la ville est en général pensée à partir de dimensions très programmatiques, très bureaucratiques et techniques. En conséquence, les Élus ne se sentent pas nécessairement concernés. Il s’agit aussi de sortir des rapports bilatéraux de domination entre les associations et les financeurs. Laurent Bielicki, chargé de mission à Cités Ressources, est spécialiste de l’accompagnement au changement. Le CRPV joue le rôle d’organisateur et animateur des espaces d’échanges, il impulse la méthode, à partir de l’accompagnement des évaluations du contrat de ville. Il associe les éléments d’observation et la médiation de ces ressources au travers d’ateliers avec les différentes parties prenantes. L’objectif est de déconstruire les idées reçues, et de « réveiller la politique de la ville » avec par exemple l’institution d’un club des élus. En utilisant parfois des outils décalés pour assurer l’attention des participants… Cité Ressources intervient sur des territoires de différentes taille, avec différentes réalités. Pour autant, la méthode fonctionne, en rappelant qu’il s’agit de contribuer à la cohésion sociale, et en utilisant les ressorts du développement local. Méthode : Amener les participants à adopter collectivement une vision à long terme, et fixer des caps qui traduiront la vision sur la durée.
Qu’est-ce que l’expérimentation Quartier Impact Collectif ? En quoi le contrat des possibles de Marseille Métropole rejoint-il la démarche QIC ?
Christine Duval, Cheffe de projet méthodes et coopérations à l’ANCT , coordonne l’expérimentation. Théorisée et expérimentée en Amérique du Nord, la démarche d’impact collectif vise à permettre aux initiatives collectives de passer d’une situation où « les actions et les résultats sont fragmentés » à une « action commune menant à un impact collectif profond et durable ». En s’appuyant sur les premières expérimentations engagées à Montréal, l’ANCT a décidé de lancer en avril 2022 une expérimentation nationale « Quartiers à Impact Collectif » qui permet de renforcer les dynamiques de coopération entre acteurs relevant de secteurs et de cultures professionnelles différents au profit de la participation des habitantes et des habitants. Les premiers résultats montrent que l'expérimentation en France a favorisé une transformation des pratiques et des postures, mais également renforcé la collaboration et l’implication des acteurs locaux, dans un esprit de cohésion. Elle démontre son potentiel à mobiliser de nouveaux partenaires, à générer des financements complémentaires et à instaurer une gouvernance plus circulaire tout en plaçant, à des degrés variables, les habitants au coeur de la démarche. Ces avancées posent les bases d’un modèle inspirant pour relever des défis de cohésion sociale complexes de manière durable et concertée. Ainsi, l’ANCT a décidé de soutenir une deuxième vague de sites en 2024. Cette nouvelle phase de développement de l’expérimentation a eu pour ambition d’élargir la démarche à de nouveaux sites : en Auvergne - Rhône-Alpes avec 14 quartiers de l’agglomération Stéphanoise et 2 quartiers en Isère, en Centre Val-de-Loire avec 5 quartiers, en Hauts-de-France avec 2 quartiers, en Ile-de-France avec 2 cités éducatives, en Pays-de-la-Loire avec 2 cités éducatives et en Provence - Alpes – Côtes d’Azur avec 3 quartiers et 1 cité de l’emploi. L’expérimentation est dans sa 3e phase de déploiement en 2025, avec la mobilisation d’une quinzaine de nouveaux sites en PACA + le territoire de Sète. Villes et Territoires est en observation et soutien pour Sète. Cités Ressources est en soutien de la démarche sur les sites de PACA. En 2026, l’ANCT souhaite prolonger la démarche avec une formation à Paris pour les territoires volontaires. La condition : que participent ensemble la collectivité, l’Etat, la société civile. A Sète par exemple, participent les chefs de projets agglo et ville de Frontignan, le service éducation de Sète, la Déléguée de Préfet, la DDETS, la chargée de mission du Conseil Régional, des associations locales.
Retours sur les Ateliers : Comment enclencher le changement sur nos territoires ?
Atelier Observation
Atelier Coopérations
- S’interroger collectivement sur l’état de la coopération au sein du partenariat du contrat de ville, de la Cité Educative (Concurrence > Coexistence > Communication > Assistance > Coordination) - S’interroger sur les besoins pour progresser dans la coopération - S’interroger sur les éléments facilitants à mettre en place - S’autoriser à imaginer ensemble des pas de côté, des idées folles…
Atelier appui aux porteurs de projet
- S’autoriser à aller voir ce qui se fait ailleurs pour s’inspirer - Réaliser de manière partenariale, avec les institutions, les associations et les habitants, des portraits de quartier pour identifier les besoins et les réponses à donner ensemble - Partir des besoins des partenaires du droit commun pour imaginer ensemble des réponses appropriées pour les QPV sur des sujets concrets - Faire confiance aux porteurs de projet du QPV en acceptant de cofinancer le fonctionnement
Merci à l'ensemble des participant.es et des intervenant.es !