Grégory Allione gravit l'Aconcagua pour l'ODP Entretien

Sapeur-pompier depuis l'âge de 17 ans, président d'honneur de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF) et de l'Œuvre des pupilles orphelins et Fonds d'entraide (ODP), aujourd'hui directeur de l'Ecole nationale supérieure des officiers sapeurs-pompiers (ENSOSP), Grégory Allione va gravir le mythique sommet de l'Aconcagua (Argentine) à la fin du mois de décembre. Entretien avec ce sportif hors-pair qui veut hisser le drapeau de l'ODP à 6 962 m d'altitude.

Vous partez du 14 décembre au 3 janvier en Argentine. Pourquoi avez-vous choisi de faire l'ascension de l'Aconcagua, et pourquoi ce sommet en particulier ?

GA: L'ODP (l'Œuvre des Pupilles) apporte aujourd'hui son soutien à 1588 orphelins de sapeurs-pompiers de France, et cela grâce aux dons qui lui sont versés. Elle est connue des sapeurs-pompiers eux-mêmes, mais je voudrais lui donner une plus grande visibilité auprès d'un public plus large en portant le drapeau de l'ODP sur le plus au sommet de la cordillère des Andes et du continent américain. Ensuite, mon choix s'est porté sur l'Aconcagua parce que c'est un sommet légendaire. Il flirte avec les 7000 m d'altitude, mais comme il est proche du pôle Sud sa difficulté est apparentée à un 8000 m. Il fait partie du "challenge des seven summits" (l'ascension du plus haut sommet de chacun des 5 continents). C'est aussi un challenge pour moi-même. Vous savez, lorsque l'on est sapeur-pompier, en intervention, on relève en permanence des défis. Et puis j'ai toujours eu un attrait pour les civilisations précolombiennes parce qu'elles ont un rapport fascinant à la nature. En haut de l'Aconcagua, on a une vue magnifique de la déclivité de la Terre.

Vous avez déjà réalisé l'ascension de nombreux sommets, mais celui-ci relève d'un niveau de difficulté bien plus élevé. Comment vous êtes-vous préparé à un tel défi ?

GA: Oui, j'aime la montagne et je la pratique régulièrement, notamment le massif alpin. J'ai fait l'Albaron (3638 m), la Punta Giordani (4046 m) dans les monts Roses, deux fois le mont Blanc (4807m) dont une fois avec des pupilles de l'ODP. Je fais régulièrement des trails en Corse, des semi-marathons, de la course de fond... Donc j'ai déjà un entraînement régulier. Mais, depuis le début 2023, je me concentre particulièrement sur l'Aconcagua. Je suis notamment un programme d'acclimatation avec divers types d'épreuves. Par exemple, je dors sous une tente qui simule l'hypoxie (un environnement à faible taux d'oxygène). Le protocole est progressif, depuis un niveau à 2000 m, vers un niveau à 4200 m. Chaque matin je prends mon pouls et je vérifie mon niveau de saturation en oxygène. Je suis également une préparation mentale. Pour cela, j'ai notamment reçu les conseils de Jonathan Lamy, sapeur-pompier volontaire de l'Ain, qui a fait l'Everest par deux fois, et je me suis documenté. J'ai appris à faire descendre mon stress, ma tension artérielle afin de gérer ma respiration, tout comme l'on fait en intervention ou lorsque l'on prend le commandement d'une opération de secours d'urgence.

Je voudrais donner (à l'ODP) une plus grande visibilité auprès d'un public plus large en portant le drapeau sur le plus au sommet de la cordillère des Andes et du continent américain.

A quelles difficultés particulières vous attendez-vous?

GA: Je pars en décembre et, outre le fait que c'est la période où j'ai un planning moins chargé, c'est l'été là-bas. C'est la période la plus favorable pour l'ascension. Pourtant, malgré la préparation, malgré le sens du dépassement de soi que l'on cultive lorsque l'on est sapeur-pompier, on ne sait jamais à l'avance comment les choses vont se passer. En revanche, ce que l'on sait, lorsque l'on est en montagne, c'est que le combat contre les éléments naturels peut s'arrêter pour vous à tout moment. En cas de difficultés, la montagne, elle, elle ne bouge pas. Côté température, le froid descend jusqu'à -40°C. La raréfaction de l'oxygène et la météo seront les éléments les plus compliqués. L'Aconcagua est en plus une zone très ventée. L’ascension du sommet est prévue le 28 décembre, mais nous avons une réserve de 4 jours au dernier campement au cas où la météo serait trop mauvaise.

Quelle équipe vous accompagne, et quel chemin allez-vous emprunter ?

GA: Je pars avec des guides locaux, des guides sapeurs-pompiers de Mendoza (la province au départ du circuit) avec lesquels nous avons des liens grâce à l'association française Sapeurs-pompiers Action Internationale (SPAI), et un médecin... On sera une dizaine. Pour commencer, des mules portent le matériel*. Puis je poursuivrai l'ascension en portant moi-même. Le chemin passe par le glacier des Polonais, avec trois camps, respectivement situés à 4900 m, 5500 m, et 5970 m d'altitude. Au sommet, le drapeau de l'ODP côtoiera celui de l'ENSOSP (dont Grégory Allione est le directeur, ndlr), et celui des sapeurs-pompiers des Bouches-du-Rhône (d'où il est originaire, ndlr). Enfin, la descente se fera par la Plaza de Mulas, normalement à la date du 3 janvier 2024.

Le défi est à suivre dès le 14 décembre sur les réseaux sociaux de l'ODP et des sapeurs-pompiers de France, au travers d'une série d'épisodes vidéo.

*Remerciements à Salomon pour son soutien matériel et aux partenaires (Garig, Picoty) qui soutiennent cette action.

Préparation de Grégory Allione en vue de l'ascension de l'Aconcagua.