La Villette ACLAI MARS 2025

Le village de La Villette est, jusqu’au début du XIXe siècle, un village-rue le long de la route de Flandre avec quelques auberges et guinguettes. Au XVIIIe siècle, on y trouve des maisons de plaisance avec jardins. De 1848 à 1742, les religieuses de Sainte-Périne ont un monastère en bordure de la rue de Flandre ; en 1742, ce monastère est transféré à Chaillot. Au sud du village, le long de la rue de Meaux en limite de Belleville et à l’emplacement du gibet de Montfaucon, la « grande voierie » est le lieu où sont tués les chevaux âgés ou blessés et où sont déversées les matières fécales de la capitale. En arrière de la rue de Flandre (n° 44 actuel) se situe depuis la fin du XVIIe siècle un cimetière juif, le seul de Paris sous l'Ancien Régime ; fermée en 1810, cette petite nécropole existe toujours

Tout commence par un rappel des barrières d'octroi qui ceinturait Paris La Rotonde de La Villette est située place de la bataille de Stalingrad à l’extrémité sud du bassin de la Villette. Cette rotonde faisait partie de la barrière saint Martin est des quatre pavillons d’octroi subsistants de l'enceinte des Fermiers généraux édifiés par l'architecte Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806) de 1786 à 1792 comme ceux de la place Denfert Rochereau ). Suite à l'annexion des communes suburbaines en 1860, la rotonde devenue inutile, il est utilisé comme entrepôt de douane par la Compagnie des Magasins généraux entre 1865 et 1921.

Le Bassin de La Villette

Le bassin de La Villette est mis en eau en 1808. Jusqu’en 1825, date d’achèvement du canal Saint-Martin et du canal de Saint-Denis, il devient un lieu de promenade et de distraction des Parisiens. L’ouverture à la navigation de ces deux canaux, permettant d’éviter la traversée de Paris, va faire du bassin le premier port de la capitale.

En 1860, il reçoit annuellement 10 000 bateaux représentant environ 1 100 000 tonnes de chargement soit plus que le port de Bordeaux[1]. Les berges du bassin se couvrent d’entrepôts. Les usines les plus diverses s’implantent aux abords du bassin et des canaux et le long des rues de Flandre et d’Allemagne (avenue Jean Jaurès) : savonneries, fabriques de cristaux, raffineries de sucre (Lebaudy-Sommier), industries agro-alimentaires (Felix Potin), fabrique de pianos Erard… La population de la commune passe de 4 900 habitants en 1831 à plus de 30 000 en 1856. En 1841, une nouvelle mairie, une église et des écoles sont construites à l’angle de la rue de Crimée et du quai de l’Oise (place de Bitche).

La passerelle de la Moselle franchit le bassin de la Villette en son centre, pour relier le quai de la Loire au sud (où elle débute dans l'alignement de la rue de la Moselle) au quai de la Seine au nord (où elle se termine presque dans l'axe du passage de Flandre)

Construite en 1882 par l'ingénieur et entrepreneur Armand Moisant1,2, elle avait à l'époque une hauteur sous clef de 11,60 mètres pour une portée de 86 mètres en un seul arc, et était ornée d'une horloge de 3 mètres de diamètre. Cet ouvrage, devenu vétuste, a été remplacé en 1966

Vers 1880
Le pont levant de la rue de crimée

Ce pont tournant a été construit en 1874 en remplacement d'un pont en bois incendié en 1871 sous la Commune de Paris. Alors en service, il est décrit en 1875 dans les Annales des ponts et chaussées. Situé dans l'axe de la rue de Crimée, à l'extrémité nord du bassin de la Villette, il permet le franchissement du canal de l'Ourcq par deux voies charretières, deux trottoirs latéraux et un trottoir intermédiaire. Les bateaux disposent d'une passe large de 7,94 mètres. Ce pont, d'une longueur totale de 17,80 m et d'une largeur de 7,60 m, est à une seule volée. « La volée, ou partie mobile, tourne sur un pivot scellé dans la maçonnerie et coiffé d'une crapaudine fixée sur un cadre métallique ; le pivot est à 4 mètres du parement du bajoyer, la crapaudine est sur l'axe du pont. La volée a 12,40 m de rayon et la culasse 5,40 m seulement : le poids total du pont, y compris la fonte placée dans la culasse pour équilibrer la volée, est de 75 tonnes. Il est remplacé par un pont levant en 1885 qui permet une plus grande rapidité de manœuvre.

Sur ces canaux, de nombreux entrepôts industriels s’ installèrent au milieu du XIXe siècle, le bassin étant alors le premier port fluvial de France. Même si son jumeau a brûlé en 1990, l’entrepôt élevé de 5 étages, situé au niveau du pont mobile de l’ingénieur Emile Vuignier, fait partie de l’ancien paysage industriel du quartier. Construit en 1884, il abrita du grain et du sucre. Reposant sur une structure en bois, il présente des façades en meulière, animées de chaînages de pierre verticaux, et de fenêtres verticales. Des portes en bois étaient autrefois utilisées pour décharger les marchandises par palans (certains ont subsisté). Les entrepôt cessèrent leur activité en 1974 et furent ensuite occupé par des ateliers d’artistes, avant que les artistes n’en soient chassés. Dans les années 1980, Jean-Jacques Beneix tourna dans l’un des espaces intérieurs son film culte, Diva. Le nouveau bâtiment qui fait aujourd’hui pendant à l’entrepôt subsistant, occupé par un hôtel et une auberge de jeunesse, en reprend intelligemment le gabarit, redonnant du sens à la perspective observée depuis le bassin de la Villette

Église Saint-Jacques-Saint-Christophe de la Villette

Au XIVe siècle, une église est construite dans ce quartier de la Villette sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Elle est dédiée à Saint-Jacques-Saint-Christophe. Sous le Premier Empire, le quartier se développe. Il s'enrichit des canaux de l'Ourcq et de Saint-Denis pour alimenter Paris en eau et créer des voies navigables. La population s'accroît ; l'église est reconstruite entre 1841 et 1844 sur les plans de l'architecte Eugène Lequeux (1806-1873).

L'extérieur de l'église Saint-Jacques-Saint-Christophe-de-la-Villette est de style néo-classique. L'intérieur rappelle le style antique en reprenant le plan des basiliques de l'Empire romain.

L'église est bordée, sur sa façade, par un agréable square doté d'un kiosque à musique. Enfin le canal de l'Ourcq est à deux pas. En plein Paris, le site est assez dépaysant.

Située dans le prolongement de la rue Saint-Jacques et de la rue Saint-Martin, elle correspond à une partie de la voie romaine qui reliait Lutèce à la Flandre. C'est ensuite un élément des chemins de Compostelle (lien entre la via Gallia Belgica et la via Turonensis). À partir de 1811, c'est un tronçon de la route impériale no 2, puis de la route nationale 2 (vers Amsterdam par Soissons, Maubeuge et Mons en Belgique).

Au cours des siècles, l'actuelle avenue de Flandre s'est appelée : « chemin de Senlis », « chemin de Louvres », « chaussée de la Villette », « chemin du Bourget », « route de Compiègne et de Flandre », « chemin pavé de la Villette ».

C'était l'axe central du village de La Villette. Sur le cadastre napoléonien, elle est nommée « grande rue de la Villette », comme sur le plan d'Edme Verniquet dessiné en 1789. L'église paroissiale se trouvait à l'angle avec l'actuelle rue de Nantes avant la construction de l'actuelle église Saint-Jacques-Saint-Christophe de la Villette.

Après le rattachement de l'ancienne commune de La Villette à Paris par la loi du 16 juin 1859, la rue de Flandre est officiellement incorporée à la voirie parisienne en 1863.

Pendant la Commune de Paris, la rue est bloquée par une barricade.

Un arrêté préfectoral du 24 juin 1907 a nommé « avenue du Pont-de-Flandre » la partie de la rue de Flandre comprise entre le boulevard Macdonald et le pont du chemin de fer de la ligne de Petite Ceinture. Un arrêté du 18 décembre 1944 a donné à cette partie le nom d'« avenue Corentin-Cariou ».

Félix Potin

Sous le Second Empire, son fondateur parvient à développer son commerce à Paris grâce à une conception novatrice du métier d'épicier ; commerçant, Potin possède également sa propre usine de transformation des produits bruts qu'il achète. Les héritiers de la marque poursuivent le développement et la transformation de l'enseigne jusqu'à sa cession après la Seconde Guerre mondiale. À partir des années 1980, confrontés à la concurrence des autres enseignes de la grande distribution, les magasins perdent en rentabilité ; l'enseigne disparaît en 1995

Félix Potin bâtit sa propre fabrique dès 1861 rue de l'Ourcq à la Villette sur un terrain de 4 000 m2. L'objectif est de transformer les produits qu'il reçoit directement de province. Dans son usine, Félix Potin produit du sucre en morceaux obtenu grâce à une casserie mécanique de pains de sucre, activité novatrice à une époque où l'on casse encore les pains de sucre à la main dans les épiceries. Cette nouveauté attire les concurrents, et peu à peu s'installe dans le quartier de la Villette un écosystème consacré au sucre avec des raffineurs, des concasseurs, des producteurs d'emballages, des confiseurs et des chocolatiers. Félix Potin fabrique également du chocolat, torréfie le café, distille des liqueurs, fabrique des conserves de légumes, produit des confitures, prépare moutarde et condiments : Félix Potin crée la première marque de distributeur. Son développement est servi par les changements intervenus au cours du Second Empire : développement du chemin de fer et des transports par voie d'eau, dont bénéficie l'implantation de sa fabrique à La Villette et le développement urbain de Paris avec la création de nouveaux boulevards où il installe ses commerces. Il ne reste plus que ce bâtiment où se tenait l'usine à pâtisserie

Les anciens abattoirs de la villette devenus le Parc de la Villette

En 1859 est décidée la création des abattoirs et du marché à bestiaux de la Villette, destinés à remplacer cinq grands abattoirs (Montmartre, Ménilmontant, Roule sur la rive droite ; Grenelle et Villejuif sur la rive gauche), eux-mêmes créés par le décret impérial du 9 février 1810, et d'autres plus petits. Le marché aux bestiaux doit prendre le relais de ceux de Poissy et de Sceaux. Le marché aux bestiaux est établi entre le canal de l'Ourcq, la route d'Allemagne (actuelle avenue Jean-Jaurès) et les fortifications de Paris. Les abattoirs sont construits de l'autre côté du canal, entre les fortifications, le canal Saint-Denis et la rue de Flandre (actuellement avenue Corentin-Cariou)

La reconstruction prévue au milieu du 20eme siècle s'arrête en 1967 faute de budget entrainant un scandale d'état. L'ensemble des activités prend fin en 1974

L'aménagement d'un futur parc sur les 55 hectares a été confiée en 1983 à Bernard Tschumi, architecte français d'origine suisse, à la suite du concours international pour la conception architecturale du parc lancé en 1982. La particularité essentielle du parc est de ne pas rompre la perspective du nord au sud. Une promenade cinématique fait apparaître des jardins à thème qui sont autant d'aires de jeux, de théâtres où la nature est mise en scène. Une galerie rectiligne couverte d'un toit en forme d'onde fait la liaison entre le nord et le sud. Le parc est fortement ponctué par une trame systématique d'édifices rouges appelés « folies »

Pour en savoir plus : https://fr.wikipedia.org/wiki/Parc_de_la_Villette

La grande halle
Les folies

Merci à Yves pour cette visite dans des quartiers mal connus