Le CÉSECÉM a lancé le 30 octobre 2024 un débat en ligne sur sa plateforme participationcitoyenne.cesecem.mq autour de la question "Que représente la vie chère pour vous ?". Ce document présente une synthèse des témoignages recueillis lors de ce débat, offrant un aperçu des préoccupations des Martiniquais face au coût élevé de la vie sur l'île.
Disclaimer : Les témoignages présentés dans cette synthèse sont issus des contributions des internautes ayant participé au débat en ligne. Les opinions exprimées ne reflètent pas nécessairement la position officielle du CÉSECÉM.
1. Coût élevé de l'alimentation
Le prix des denrées alimentaires apparaît comme la préoccupation majeure. Les participants soulignent que même les aliments locaux, qu'ils soient transformés ou non, restent chers. Cette situation les contraint à réduire la qualité et la diversité de leur alimentation, impactant directement leur santé et leur bien-être.
Exemples de témoignages :
- "Le coût élevé de l’alimentation oblige à limiter la variété de son alimentation ou à privilégier des produits transformés ou importés, qui peuvent être moins chers mais souvent moins nutritifs."
- "Ça représente pour moi toute l'alimentation [...] Vraiment 20% sur quelques produits c'est insuffisant, il faut une baisse supérieure à cela et sur le tout pour mieux vivre."
- "Les produits pour les bébés sont extrêmement chers y compris les marques distributeurs."
2. Coût des produits non alimentaires
Les articles ménagers, les produits de santé non remboursés, les équipements électroménagers, les pièces automobiles et les vêtements sont jugés excessivement onéreux. Cette cherté limite l'accès à des biens essentiels pour de nombreux foyers.
Exemples de témoignages :
- "Revoir les prix des produits non alimentaires (ménagers, santé non remboursée, bricolage)."
- "Les pièces détachées automobiles et des appareils électroménagers, les voyages... Tout est excessivement cher."
- "Internet, abonnements TV, billets d’avion, pièces automobile, automobiles, strictement tout."
3. Coût des transports et absence de transports en commun efficaces
Le manque de transports publics efficaces oblige la population à posséder un véhicule personnel, ce qui engendre des dépenses importantes en carburant, entretien et pièces détachées. Les prix élevés des billets d'avion limitent également les possibilités de déplacement hors du territoire.
Exemples de témoignages :
- "L’absence de vrai transport public régulier contraint à avoir au minimum une voiture par foyer avec toutes les charges associées."
- "C’est se demander si on peut s’acheter quelque chose d’essentiel, les loisirs sont en option, devoir jobber en plus de son travail, ne pas pouvoir voyager (billets d’avion), limiter ses déplacements (essence et pièces détachées)."
- "La cherté du logement pousse des familles [...] à vivre dans des zones éloignées, augmentant leurs coûts de transport."
4. Revenus insuffisants face au coût de la vie
Beaucoup expriment que les salaires, les pensions et les revenus en général ne suivent pas l'augmentation constante des prix. La classe moyenne, en particulier, se sent négligée et écrasée fiscalement sans bénéficier d'aucune aide.
Exemples de témoignages :
- "Les salaires n'augmentent pas, le SMIC vous rattrape et les classes moyennes s'appauvrissent car pas d'aides bien sûr."
- "Aujourd’hui la classe moyenne paye les pots cassés !"
- "Moi je fais partie de la classe moyenne et je n'ai droit à aucune aide."
5. Coût du logement
Les loyers élevés, le prix d'achat des biens immobiliers et les taxes foncières importantes rendent difficile l'accès à un logement décent. Certains témoignages évoquent l’obligation de choisir un logement par dépit ou de vivre dans des conditions précaires.
Exemples de témoignages :
- "Le loyer trop cher. Impossible de manger quand on a tout payé."
- "La cherté du logement pousse des familles à s’installer dans des logements insalubres, faute de moyens pour payer des loyers décents."
- "Avec une pension de retraite de 2 SMIC, je ressens la vie chère [...] Je paie des taxes foncières énormes."
6. Impacts sociaux et psychologiques
Le stress, la frustration et le sentiment d'injustice liés à la vie chère affectent le moral et la qualité de vie. Les difficultés financières ont des répercussions sur la santé mentale et la cohésion sociale.
Exemples de témoignages :
- "La vie chère impacte et fragilise notre quotidien [...] Elle fragilise la cellule familiale pour qui se loger, se déplacer, rester connecté et manger relève de l'impossible."
- "Vie chère = privation en tout mais aussi une moins bonne qualité de vie en tout point, ce qui joue un rôle vraiment néfaste sur la santé, sur le moral de tous."
- "Une privation continuelle, avec une illusion d'abondance furtive à la réception du salaire."
7. Pression fiscale et taxation élevée
Les taxes telles que la TVA, l’octroi de mer et les impôts sur le revenu sont perçues comme écrasantes. De nombreux habitants estiment que cette pression fiscale contribue significativement à la cherté de la vie et réduit leur pouvoir d'achat.
Exemples de témoignages :
- "Nous sommes trop taxés."
- "Octroi de mer + TVA = marcher sur la tête. Des milliards qui pourraient rester en Martinique."
- "La vie chère, c'est la taxe foncière excessive, le loyer, l'électricité, l'eau, la téléphonie, les mutuelles et assurances, ce sont des charges fixes auxquelles on ne peut échapper."
8. Monopoles et concentration économique
La domination de certains acteurs économiques, souvent associée à des monopoles ou oligopoles, est perçue comme une des causes de la vie chère. Cette concentration limite la concurrence et maintient les prix à un niveau élevé.
Exemples de témoignages :
- "Casser, démanteler les monopoles quels qu'ils soient par la mise en place de lois martiniquaises par les Martiniquais."
- "Casser le monopole du lobby béké sur l'économie."
- "La vie chère est un système colonial qu'il faut casser : c'est nous empêcher d'être autosuffisants en coupant les ailes à des structures martiniquaises qui essayent d'éclore."
9. Sentiment d'injustice et comparaison avec l'hexagone
Les écarts de prix et de traitement entre la Martinique et la France continentale génèrent un fort sentiment d'injustice. Les participants ressentent une différence de considération et d'équité de la part de l'État.
Exemples de témoignages :
- "Pourquoi sommes-nous considérés comme des Français totalement à part quand il s’agit d’obtenir un traitement adapté en matière de continuité territoriale et d’impôt [...] alors qu’il faut vivre à 40% plus cher que la France ?"
- "Pour moi, la vie chère, c'est la différence de prix entre un produit ou un service acheté ici et le même en métropole."
- "Un cas très concret : compresseur de climatisation Isuzu Dmax vendu localement 2973 euros contre 1556 euros chez un revendeur de l'hexagone."
10. Limitation des loisirs et activités culturelles
Les dépenses contraintes pour les besoins essentiels laissent peu de place aux loisirs, à la culture et aux activités de détente, considérés comme des luxes inaccessibles.
Exemples de témoignages :
- "La vie chère c'est de ne pas pouvoir subvenir à ses besoins en alimentation, ne pas avoir de loisirs, ne pas pouvoir se déplacer à cause des prix du carburant, ne pas pouvoir offrir des cadeaux, etc."
- "Dans ce contexte planifier un voyage en famille relève de l'exploit ou d'un endettement sur plusieurs mois."
- "Avoir un salaire qui ne permet plus d'avoir des loisirs... à cause des prix indécents des voitures, de la nourriture, des pièces mécaniques, des abonnements divers, etc... Indécent."
12. Dépendance aux importations et manque de production locale
La forte dépendance aux produits importés, qui entraîne des coûts additionnels (transport, douane), est mise en cause. Les participants appellent à renforcer la production locale pour réduire ces coûts et accroître l'autosuffisance.
Exemples de témoignages :
- "Développer la vente du producteur au consommateur pour modifier les modes de consommation, réindustrialiser pour diminuer les importations."
- "Lorsqu'un produit n'est pas vendu sur le territoire et qu'il n'existe aucun produit de substitution en Martinique, il faut donc importer, payer les frais de transport + les frais de douane calculés sur le total."
- "La suppression définitive de l'octroi de mer sur tous les produits importés serait un premier pas vers l'amélioration du pouvoir d'achat."