Paradis naturistes Section PHYSIOPOLIS

En 1927, la Société naturiste constituée par les docteurs Durville, Gaston (1887-1971) et André (1896-1979), et leurs adeptes, est en quête d’un terrain pour mettre en pratique la cure naturiste. Dans les méandres de la Seine, tout près de Paris, dite d’abord île des Naturistes (1928) puis Physiopolis (1929), la Cité de nature est bâtie en quelques années. Accueillant plusieurs centaines d’adhérents et de visiteurs des classes sociales aisées le temps d’un week-end et durant les vacances, Physiopolis occupe le devant de la scène médiatique et s’apparente à un centre omnisports. La nudité intégrale y est cependant proscrite. La Société naturiste obtient le premier agrément de « société d’éducation populaire » en 1932. Durant la guerre, l’île est un « havre de paix » pour les familles naturistes et des jardins sont transformés en potagers. L’après-guerre sonne progressivement la fin de l’identité naturiste. De nos jours, le domaine de Physiopolis est accessible uniquement aux propriétaires et à leurs invités.

« Située dans le cadre le plus beau des environs de Paris, elle s’étendait sur plus de quinze hectares ; elle était splendidement boisée, surtout à son pourtour : deux bras larges de la Seine l’éloignaient du monde civilisé, et, avantage inespéré, aucun pont ne la reliait à la rive. Du soleil, de l’ombre, des prés forts beaux, pas un moustique, jamais, et un niveau si élevé, au-dessus de l’eau, que, seule, la formidable crue de 1910 l’avait couverte ; c’était le paradis. »«

André et Gaston Durville, À l’île des Naturistes : la santé par la vie saine, Paris, Institut naturiste, 1929.

George O’Messerly, personnalité aux multiples casquettes (producteur et scénariste) avec le concours de Jean Dréville à la caméra, ont réalisé en 1930 un film documentaire quelque peu romancé, intitulé « Physiopolis, l’île encore mystérieuse des adeptes du Naturisme ». Cette commande des frères Durville tournée en noir et blanc, muet, au format 35 mm, d’une durée de 24 minutes présente la communauté des naturistes de Physiopolis. Bien accueilli par la presse spécialisée et le grand public, qualifié de poème cinématographique par certains, le film est resté plusieurs mois en salle avant d’être proposé à nouveau dans une version sonorisée en 1931 où il prendra pour titre Ton corps au Soleil. Seuls quelques extraits ont pu être retrouvé. Archives CNC

En savoir plus :

Émile Zola fait installer en 1880 sur l’île du Platais ce kiosque norvégien provenant de l’Exposition universelle de 1878, qu’il baptise Le Paradou. Il s’y rend tous les jours pour travailler, avec sa barque nommée Nana. Le chalet est détruit en 1935 pour laisser place à la plage de Villennes-Médan.

1916. Carte postale. Collection David Lorenté

Collection Éliane Schoeffert-Audebert © Archives Pierre Audebert
Collection David Lorenté
Collection David Lorenté / Collection Honor David-Gell

Elsa Py (1992-). Reconstitution de la tente en dur historique de Physiopolis, 2024, Plâtre, Production Mucem

Elsa Py (1992-)
Plaques de timbres. Circa 1930. Collection David Lorenté
Le sculpteur Antoine Bourdelle entretient une correspondance régulière avec les frères Durville. Comme il souffre de violents rhumatismes, des conseils et des soins lui sont prodigués dans son atelier à Paris jusqu’à son décès. Sa sculpture de Héraklès archer fascine les frères Durville par sa musculature athlétique. Musée Bourdelle, Paris / L’Ordre eudiaque est une loge à vocation initiatique créée en 1928 par Henri Durville, le troisième de la fratrie. « Son but est d’étudier les lois physiques intellectuelles, morales et spirituelles qui forment un lien commun à toutes les religions et à toutes les initiations », revue Eudia, 1934. Vers 1930. Métal. Collection David Lorenté
Paul Aubert (1863-1949). Monographie de Villennes-sur-Seine. Années 1930. Ouvrage relié. Archives départementales des Yvelines

Pierre Audebert (1905-1973). La Cure de mouvement

Le temps « libéré » n’est plus l’apanage d’une certaine frange de la société. La semaine anglaise (avec le week-end) se généralise progressivement dans toutes les classes sociales durant les années 1930. Ces photographies illustrent les pratiques physiques et récréatives en mixité proposées dans les stades et parcs de Physiopolis sous le contrôle de moniteurs qualifiés.

Collection Éliane Schoeffert-Audebert © Archives Pierre Audebert

Maillot de sport « fait maison » Les premiers deux-pièces de bain et de sport, exposant le nombril et peu couvrants, sortes de bikinis avant l’heure, font leur apparition à Physiopolis dès l’année 1928. En 1936, un débat paraît dans les colonnes de la revue Naturisme sur la question du « cache-sein » :pour ou contre le monokini ?

Vers 1930. Tirage d’exposition. Collection Éliane Schoeffert-Audebert © Archives Pierre Audebert

Collection David Lorenté
Photographies sur carton. Collection Éliane Schoeffert-Audebert © Archives Pierre Audebert

Henri Manuel (1874-1947). « Malgré la température encore un peu fraîche, ce jeune nudiste profite d’un rayon de soleil »27 mai 1932. Épreuve sur papier Crumière. Collection David Lorenté

Pierre Audebert (1905-1973.)Sans titre. Vers 1930. Tirage d’exposition. Collection Éliane Schoeffert-Audebert © Archives Pierre Audebert

Anonyme. Circa 1930. Collection David Lorenté
Collection Eliane SCHOEFFERT-AUDEBERT © Archives Pierre Audebert
Collection Eliane SCHOEFFERT-AUDEBERT © Archives Pierre Audebert
Extrait des films amateurs. Collection Eliane SCHOEFFERT-AUDEBERT © Archives Pierre Audebert
Louis Buard (dates inconnues). Extrait du film La Fête du soleil. 1932. Durée : 4’ © Sophie Durville

Le 19 juin 1932, une représentation publique, nommée« la Fête du soleil », est donnée à Physiopolis, dans une clairière nommée l’Arcadie, qualifiée par les organisateurs de« premier théâtre d’art naturiste en plein air ». Les nombreux spectateurs peuvent observer différents tableaux vivants :la danse d’Artémis devant le soleil, le grand prêtre au templedéclamant les Vers d’or de Pythagore, la parade de Panet des Nymphes, l’évocation du paradis terrestre couronné par un hymne naturiste orchestré. La redécouverte de l’Antiquité grecque a affermi de nombreux courants français de pensée naturiste durant les années 1920 et 1930.

En savoir plus :

Agence Keystone L’Arcadie, Physiopolis, fête du soleil, 19 juin 1932 / Livret /Karla Suschitzky (1907-1997) Publicité studio Lamballe, gymnastique rythmique. Vers 193. Brochure en papier cartonné. Collection David Lorenté
Pierre Audebert (1905-1973). « Physiopolis, la grande usine humaine ». Livret et partition : La Marche naturiste 1932 Collection Eliane SCHOEFFERT-AUDEBERT © Archives Pierre Audebert
Caroline Laguerre (1990 -). Carton Physiopolis. 2024. Tirage argentique contemporain
David Lorenté (1970 -). Modèle de bungalow. 2015. Tirage d’exposition. Collection David Lorenté
Prospectus publicitaire Collection Éliane Schoeffert-Audebert © Archives Pierre Audebert
Flore Lorenté. (1998 -). Sans titre. 2022. Tirage argentique contemporain

Bungalow d'Eliane Best

Portrait d’Éliane Best. 2018. Durée : 2'. Réalisé par Cécile Juan (1983-) © Cécile Juan

Extraits. FilmImages. Domaine de Physiopolis, Villennes sur Seine, 1930
La famille Gerbaud fait partie des pionniers de Physiopolis. Le père, Pierre-Henri, a constitué un corpus important de photographies relatant la vie sur l’île, de 1930 à 1945. Il a contribué à documenter la revue Naturisme des frères Durville. Collection Anne-Catherine Gerbaud
Panneau Physiopolis. Vers 1970. Syndicat administratif de Physiopolis (SAP)

Crédits:

David Lorenté