A Gotland, une quinzaine de pêcheurs sont aujourd'hui licenciés, contre plus de 200 dans les années 1980. En cause : des règles de plus en plus contraignantes, mais aussi la mauvaise réputation de la mer Baltique.
C'est à quatre ans que Johannes Klingvall a pris la mer pour la première fois, sur le bateau de son grand-père. Issu d'une famille de marins, ce père de famille représente la cinquième génération de pêcheurs. Mais aujourd'hui, il confie ne pas vouloir perpétuer la tradition. "Je ne souhaite pas que mon fils soit marin. C’est trop dur d’avoir des revenus aujourd’hui, en tant que pêcheur dans la mer Baltique”, regrette-t-il, les yeux rivés sur son fils de deux ans et demi, Hugo.
Ces dernières années, l'activité s'est effondrée à Gotland. Au-delà des réglementations de plus en plus strictes et des stocks de poisson qui dégringolent, les dernières pêcheurs doivent faire face à un nouvel obstacle : la défiance des habitants à l'égard de la Baltique. Sur l'île, nombreux sont ceux qui refusent d'acheter d'acheter du poisson local. En cause : la pollution de la mer, où gise un nombre impressionnant de grenades, bombes et agents chimiques, abandonnés à la hâte après la Seconde Guerre mondiale.
Face au risque de disparition de la pêche, une poignée de locaux se mobilise. A l'image d'Andreas Pettersson, spécialiste de la pêche au conseil administratif de l’île. Pour celui qui a grandi à Gotland, il est plus qu'urgent de revaloriser l'industrie. "Je ne pense pas que les gens se rendent compte de ce qu'il se passe. Si le métier de pêcheur disparaît, c'est un potentiel moyen d'alimentation qui disparaît, et avec lui tout un savoir".
Pour tenter d'alerter la population, le spécialiste sillonne la Suède à coups de campagnes de sensibilisation et projets universitaires. Mais sur l'île, les derniers pêcheurs encore présents craignent un combat trop long. Et surtout trop complexe pour les aider à se relever.