MYTHES ET RÉALITÉS SUR LE PRIVÉ
Le secteur privé s’est durablement implanté dans l’écosystème de la santé et des services sociaux québécois. Dans un contexte où 67% de nos concitoyen·ne·s considèrent que le réseau de la santé et des services sociaux (RSSS) est en mauvais état, il n’est pas surprenant que pour plusieurs, le «privé» puisse sembler une solution. Pourtant, la présence d’entreprises à but lucratif dans ce secteur a plutôt pour effet d’aggraver la situation. Rétablissons donc certains faits.
LE PRIVÉ N’EST PAS UNE FATALITÉ!
Dans ce contexte, on comprend mieux pourquoi 59% des Québécois·es ont toujours une préférence pour un RSSS 100% public. Pourtant, 83% de nos concitoyen·ne·s affirment voir d’un bon œil la participation du privé en santé si celle-ci est financée par des fonds publics. Décortiquons ce paradoxe.
LE PRIVÉ: UNE OPTION PAR DÉFAUT
Ce que nous indiquent ces données, c’est qu’un sentiment de désillusion prévaut dans la population. Bien que l’opinion majoritaire soit encore que la santé et les services sociaux ne devraient pas être des produits de consommation comme les autres, les Québécois·es peinent à croire que le RSSS puisse être réformé pour répondre adéquatement à leurs besoins.
Votre mission, si vous l’acceptez, est donc de faire renaître cet espoir, de le nourrir et de le consolider autant que possible. Pour cela, trois axes stratégiques gagnent à être systématiquement martelés:
➔ Démocratiser: pour être efficace, un réseau doit être pris en charge d’abord et avant tout par ses salarié·e·s, ses usager·ère·s et la population. La gestion centralisatrice du ministre Dubé est un échec annoncé, avec ou sans « top-guns ».
➔ Décentraliser: l’ancrage communautaire est la clé d’une véritable efficacité. Pour mieux soigner les gens bien entendu, mais surtout pour prévenir la maladie à la source!
➔ Déprivatiser: si le privé ne peut être un vecteur de démocratisation (puisqu’il concentre les décisions entre les mains de propriétaires d’entreprises), il ne peut non plus travailler à la prévention puisqu’il tire ses revenus du fait que nous soyons malades!
TAPER SUR LES CLOUS
Puisque le privé est devenu une option inexorable pour plusieurs, il faut souligner que ses conséquences sont néfastes non seulement pour le RSSS, mais aussi pour l’ensemble des Québécois·es. Leurs craintes en la matière sont d’ailleurs nombreuses… et bien fondées!
● 64% de la population pense que le développement du privé va créer un réseau pour les riches et un pour les pauvres.
● 58% de la population ne pense pas que le privé peut augmenter l’offre de services puisqu’il ne peut pas faire apparaître de nouveaux·elles travailleur·euse·s par magie.
● 55% de la population pense que le privé va faire augmenter les coûts de santé.
● 52% de la population considère que le développement du privé revient à financer des profits avec des fonds publics.
À vos marteaux!
VOIR CLAIR À TRAVERS LES ÉCRANS DE FUMÉE
Le fait que des opinions contradictoires cohabitent au sein de la population n’est pas si surprenant. Il provient de la dissonance entre nos réalités, nos expériences et nos croyances.
D’un côté, l’expérience tangible de beaucoup de Québécois·es, qui reçoivent plus rapidement certains services au privé et en tirent une appréciation positive. Cette expérience est de plus systématiquement affermie par les parties prenantes de la privatisation.
De l’autre, leur conscience des conséquences actuelles et futures du privé tant sur l’accessibilité que sur la qualité des services, et la conviction que la santé et les services sociaux sont un droit qui appartient à tou·te·s, sans distinction de classe ou de revenu.
Les parties favorables au privé ont bien compris cette discordance et s’en donnent à cœur joie pour l’instrumentaliser. Pensez au ministre Dubé qui se veut rassurant en disant que la « carte Soleil » continuera de payer la facture pour tout le monde : grâce à cette rhétorique, il défend – et promeut! – un système à deux vitesses tout en endormant des méfiances pourtant légitimes. Et il est loin d’être le seul à prendre part à cette pièce de théâtre.
ON LÂCHE PAS !
Sommes-nous les seul·e·s à ne pas tomber dans le panneau? Il semble bien que non. À la manifestation du Front commun le 23 septembre dernier, plus de cent mille personnes se sont mobilisées. Cet automne – que l’on prédit chaud – doit non seulement être celui qui nous mènera à de meilleures conditions de travail, mais aussi celui de la lutte fondamentale pour la défense de nos services publics, en santé et services sociaux comme ailleurs. Des actions sont en préparation, restez à l’écoute!
Pour pousser la réflexion plus loin
➔ Le « privé en santé » : panacée ou fausse bonne idée?
➔ Réforme Dubé | Quand le privé rime avec listes allongées