LA CULTURE DE LA PERFORMANCE : LA RACINE DU MAL

Quand la quantité prend le dessus

Vous l’avez sûrement constaté : être « performant·e » ne signifie pas la même chose si on est une personne salariée ou un employeur. La personne salariée met davantage l’accent sur la qualité de son travail que sur le volume. L’employeur vise la quantité avant tout, son but étant de vous en faire faire le plus possible.

Cette différence de vue est particulièrement incrustée dans le réseau de la santé et des services sociaux, où dominent largement les pratiques de gestion axées sur les indicateurs de performance quantitatifs et les résultats mesurables, héritage des réformes successives et d’une vision hospitalocentriste.

Cette « culture de la performance » se caractérise également par une centralisation excessive, une prise de décision éloignée des réalités du terrain, des canaux de communication déficients et des contrôles administratifs omniprésents pour évaluer le personnel.

D’un cercle vicieux à l’autre

Prioriser ainsi la quantité plutôt que la qualité a des conséquences directes sur la charge de travail, qui s’alourdit de façon excessive. Il s’ensuit des problèmes aigus de rétention et d’attraction de la main-d’œuvre, lesquels nourrissent à leur tour l’augmentation de la charge de travail, un cercle vicieux.

Autre conséquence, les aspects qualitatifs du travail liés à la complexité des soins sont évacués ‒ parce que difficilement mesurables ‒ si bien que la charge de travail réelle (voir fiche 1) des personnes salariées est mal comprise par les décideurs. Et moins ils la comprennent, plus elle augmente, un autre cercle vicieux.

Au total, c’est la qualité des soins offerts à la population qui écope, prétexte dont le gouvernement se justifie pour réclamer ‒ à tort ‒ plus de performance, enfermé qu’il est dans sa logique étroite et circulaire.

Santé Québec : pire encore

La création de l’agence Santé Québec est un autre pas dans cette direction. Là encore, l’accent est mis sur cette culture de la performance avec une organisation toujours plus lourde, centralisée et désincarnée que jamais.

Un autre discours s’impose

À cette conception dominante des soins, il faut opposer un discours et des avenues différentes, une responsabilité qui nous incombe individuellement et collectivement. Il nous appartient de réclamer :
  • des mesures qualitatives à même de fournir le vrai portrait de la charge de travail;
  • un allègement des processus administratifs;
  • l’amélioration de la communication, de l’interdisciplinarité, de la formation et du soutien administratif;
  • des conditions de travail pour une pratique professionnelle axée sur la qualité plutôt que le volume.

Votre équipe syndicale locale est là pour vous aider

Vous croyez faire les frais de cette culture de la performance? Parlez-en à votre équipe syndicale locale. Elle est là pour vous informer et vous guider dans les méandres de la charge de travail. Elle pourra vous outiller et vous accompagner dans vos démarches.

POUR EN SAVOIR PLUS

aptsq.com/chargedetravail